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Conseils pratiques à l’ex-gouverneur de la BoM

9 janvier 2019, 11:38

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À la lecture du grand pavé de texte de l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Ramesh Basant Roi, sous forme de conseils gratuits destinés aux responsables des partis politiques par rapport aux prévisions du Produit national brut (PNB) de Maurice de l’année écoulée, paru dans votre édition de lundi et auquel vous avez donné une importance particulière en reprenant ses propos, grande photo à l’appui, en page une, il s’avère difficile pour les responsables du projet Metro Express de ne pas lui rendre la monnaie de sa pièce, tant il est souillé d’inexactitudes susceptibles de tromper, non seulement les politiciens, mais aussi le grand public non initié à la chose des sciences économiques.

Quant à tous ceux qui ont été accusés de s’adonner aux voodoo economics au sein du présent gouvernement, s’il en existe et si le chapeau leur convient, ils ne manqueront pas de lui rendre la monnaie de singerie. D’autant que Ramesh Basant Roi termine son grand pavé en mettant en garde les politiques face à ces conseillers, dit-il, à la recherche de gains personnels dans un habit de mouton de classe. Ramesh Basant Roi décidément n’a pas fait l’économie de son verbe. Quoi qu’il en soit, Ramesh Basant Roi nous ramène à une époque récente quand le Metro Express était l’objet de campagne assidue destinée à induire en erreur, à soulever l’émotion et à décourager en mettant en avant ses coûts prétendus exorbitants, sa technologie à pas de tortue relevant du passé, ses risques à mettre en faillite toute une nation et ses enfants, voire son inutilité et ses gaspillages face aux modes alternatifs du secteur du transport public. Des arguments qui sont dans les faits rien que tout le contraire de ce que le Metro Express représente. Il suffisait pourtant de googler ou de faire un petit tour dans les villes du monde développé, ou le métro léger a changé le quotidien des habitants. Il aurait suffi aussi à Ramesh Basant Roi de googler le site du Metro Express ou encore d’appeler son directeur général, qui ne refuse jamais de répondre, pour en savoir l’impact des travaux du Metro Express sur l’économie domestique de notre pays. Afin d’éviter d’affirmer en long et en large que le Metro Express n’a aucune valeur économique, que sa contribution au PNB est virtuellement à zéro, que sa composition est essentiellement faite d’importations à 100 % ou presque, que les gares et ses shopping malls aussi ne seront pas créateurs d’emplois et ne peuvent que jouer le rôle diminutif de transférer les clients d’un endroit a un autre, un effet de substitution quoi et c’est tout !Ce qui nous projette 2 ans en arrière avec la même rengaine contre le métro. Dans un langage nouveau. Pourtant, tout ce qu’on a pu constater de visu, qu’entre les travaux de grandes structures à Rose-Hill et ceux de Port- Louis, en passant par les grandes infrastructures de construction de Richelieu ou encore Pailles, la grosse majorité d’entre eux ont l’air d’avoir eu recours aux produits Made in Moris dans leur essence. En effet, selon Larsen and Toubro, plus de 150 entreprises mauriciennes travaillent actuellement avec l’entreprise indienne comme sous-contracteurs avec encore 104 autres entreprises locales agissant comme fournisseurs de matières premières et des entrants. Parmi ces 254 entreprises de sous-traitance ou fournisseurs de biens, on peut dénombrer 245 PME et neuf grosses entreprises. Elles ont reçu un total de 3,31 milliards de roupies payées par Larsen and Toubro à ce jour grâce aux travaux du métro sans compter les dépenses directes de l’entreprise indienne. Il y aura encore d’autres à venir. Tous ces milliards vont, en quelque sorte, trouver leur chemin vers le PNB du pays.

Il faudra demander à ces 254 entreprises mauriciennes quelle est la part de revenus que représente ce montant qui filera tout droit dans la comptabilité du PNB de la nation mauricienne. Il est loin d’être zéro et doit toujours se chiffrer en milliards même après la comptabilisation de la composante de la fuite en importation. Il faudra demander, par ailleurs, à ces mêmes entreprises combien d’emplois ont été créés par elles en dehors des emplois directs au sein de Larsen and Toubro et de Metro Express.

Il n’y a pas que ceux-là. Comme on a pu le constater, les entreprises de services publics comme le CEB, la CWA et la WMA ont, elles, aussi été parties prenantes des grands travaux et qui, à leur tour, ont fait travailler des entrepreneurs de travaux publics. L’effet induit doit se situer en plusieurs centaines de millions de roupies à ce jour et doit se comptabiliser en plusieurs milliards d’ici la fin des travaux et au-delà en combinant l’effet sur la consommation et la production à la ronde. Du plat de résistance pour ceux accusés de pratiquer de la sorcellerie économique !

Enfin, on y entend certes de plus en plus de voix des étrangers, voire importées, mélangées à celle de notre langue créole, marchant les rues du pays et au sein de la plupart de nos entreprises de production et de service. Ce n’est certainement pas à cause de Metro Express à elle seule, incapable de créer que des emplois Made in Moris pour insuffisance de l’offre du travail local. Mais là, c’est un autre débat.