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Commission Caunhye: les voyages à l’étranger d’Ameenah Gurib-Fakim dérangent

2 décembre 2018, 00:00

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Commission Caunhye: les voyages à l’étranger d’Ameenah Gurib-Fakim dérangent

L’ex-présidente ne serait pas une «fit and proper person» pour représenter le pays. Pourtant, malgré sa démission et alors qu’elle fait l’objet d’une commission d’enquête instituée par le gouvernement pour usurpation de pouvoir, elle enchaîne les voyages à l’étranger. Et même, quelquefois, aux frais des contribuables. C’est d’ailleurs la commission Caunhye qui avait révélé que les voyages de l’ex-présidente avaient coûté Rs 5,3 millions à l’État en 2016.

Son dernier déplacement remonte au 14 novembre. Elle s’était rendue à la 19e International Conference des Chief Justices à Lucknow, en Inde, organisée par la très réputée City Montessori School. Ce séjour de quatre jours a irrité les membres de la commission d’enquête. Le Puisne Judge Asraf Caunye, président, avait repris ses auditions le 15 novembre. Il a demandé à Me Hervé Duval de s’assurer que sa cliente soit présente lors de la prochaine séance.

Ameenah Gurib-Fakim n’est, d’ailleurs, pas à sa première absence. Le jour de sa convocation en août, elle avait aussi demandé un renvoi parce qu’elle était en voyage. Les reproches ne portent pas uniquement sur le nombre de ses voyages. Le fait qu’elle ait gardé son statut et ses privilèges est aussi critiqué.

Cette situation agace l’opposition et le gouvernement qui avaient, d’une seule voix, réclamé son départ de la State House à la suite du scandale de la Platinum Card. «Le gouvernement n’a pas son mot à dire sur les déplacements ni sur les invitations qu’un ex-président reçoit», explique un diplomate. Ameenah Gurib Fakim peut arguer qu’on l’a sollicitée à titre personnel et que ce sont ces organisations internationales qui prennent en charge la plupart du temps les frais de billets d’avion et d’hébergement, entre autres.

Toutefois, l’ancien ambassadeur fait remarquer qu’elle est disqualifiée à représenter Maurice, depuis les allégations portées contre elle en mars dernier. «Même si elle souhaite conserver ses relations diplomatiques et son rayonnement à l’étranger, il faut comprendre qu’elle ne peut pas parler au nom de Maurice surtout dans les circonstances entourant sa démission. Elle a échappé à une procédure de destitution et entretient des relations avec le milliardaire angolais controversé Álvaro Sobrinho.»

Selon Shakeel Mohamed, le chef de file du Parti travailliste au Parlement, la faute revient au gouvernement. Il avance que si le gouvernement avait eu le courage de procéder à sa destitution, aujourd’hui la situation serait différente. «Ameenah Gurib-Fakim n’aurait pu bénéficier des privilèges accordés aux anciens chefs d’État. Aujourd’hui, il n’y a rien dans la loi qui l’en empêche», déplore-t-il.

L’ex-présidente perçoit un peu plus de Rs 244 000 par mois, soit deux tiers de son salaire de présidente de Rs 367 000. Il s’agit d’une pension non imposable, selon la President’s Emoluments and Pension (Amendment) Act. Elle est aussi dotée d’un bureau, d’un secrétariat, d’un garde du corps et d’une voiture avec chauffeur. L’ex-présidente pourrait conserver à vie ses privilèges même si elle n’a pas terminé son quinquennat.