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Ah mon Dieu ! Ils sont donc pareils

20 novembre 2018, 09:00

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[La liberté de la presse présente des inconvénients. Mais cependant moins que l’absence de liberté !] Francois Mitterrand

Parmi les mesures coûteuses prises par les prédécesseurs, honnis de Lepep, il y avait eu ce boycott publicitaire de «l’express», doublé d’une annulation des abonnements des ministères et des corps parapublics, triplé d’une interdiction d’Air Mauritius de présenter le journal le plus lu et le plus respecté du pays sur les vols nationaux d’Air Mauritius.

Aussitôt arrivé au pouvoir en décembre 2014, le nouveau leadership politique, sir Anerood Jugnauth en tête, décidait d’en finir avec les dérapages les plus offensants de Navin Ramgoolam et en parallèle des initiatives BAI ou Dufry, il annulait ce boycott. Ceux qui avaient, dans la période intermédiaire, été obligés de lire leur copie de «l’express» «sous la table» furent ainsi soulagés. Le procès intenté au gouvernement travailliste pour son boycott publicitaire insensé ne voyait plus s’aggraver son cas.

Le public se souviendra sans doute que pour solder un premier procès intenté au gouvernement pour son boycott, pour la roupie symbolique, le gouvernement s’engageait solennellement devant un juge, en chambre, au prompt rétablissement de la publicité gouvernementale selon les critères rationnels de visibilité et de diffusion optimale. Cet engagement sur l’honneur ne fut pas respecté… par ce même gouvernement de Ramgoolam ! Sans doute s’attendait-il que «l’express» se fasse chien couchant avant de recevoir son petit os, comme certains ? C’était mal nous connaître ! Nous avons, bien simplement, continué à faire notre métier avec courage et sans complaisance et nous nous retrouvions donc obligés de poursuivre le gouvernement à nouveau, cette fois pour les millions de roupies que le boycott nous avait effectivement coûtées au départ !

Nous apprenons samedi que, à l’instar de Navin Ramgoolam avant lui, le Prime Minister’s Office ainsi que le ministère des Finances et quelques autres officines du gouvernement ont commencé à annuler leurs achats de l’express. Ce début de boycott n’est ni officiel, ni expliqué, mais bien réel. Aux mêmes causes, les mêmes effets apparemment. Pravind Jugnauth, leader du MSM, vexé par notre langage de vérité et nos informations embarrassantes, semble être, mal conseillé ou pas, sorti de ses gonds, exactement comme Navin Ramgoolam avant lui. Comme ce dernier, le chef de gouvernement actuel croit devoir et pouvoir punir un journal libre et largement respecté et assure donc son entrée aussi dans le catalogue des chefs de partis mesquins, revanchards et démocrates d’occasion. Le Premier ministre, friand de nos bons classements internationaux, n’a qu’à bien attacher sa ceinture : notre 56e rang au classement de Reporters Without Borders (après les «lumières» que sont Madagascar (54e), les Comores (49e), l’Afrique du Sud (28e) ou la Jamaïque (6e)) ne va certainement pas s’améliorer… et nous sommes, pourtant, tellement dépendants des étrangers !

Les conséquences de cette étroitesse d’esprit affichée ne seront, sans doute, pas bien différentes. Ramgoolam n’est plus au PMO. «L’express» est toujours là.

Avec le soutien de nos lecteurs et grâce à leur solidarité, nous continuerons à faire notre travail de sentinelle du pays, malgré les difficultés et les coups bas. Ce pays, que nous aimons avec conviction, mérite au moins ça !