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De «Viré Mam» à «Pa dénigré Mam»…

7 novembre 2018, 07:38

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Il y a quatre ans, l’alliance Lepep misait beaucoup sur les photos, dessins de presse, éditoriaux et autres articles d’opinion pour réaliser son clip Viré Mam, qui est vite devenu viral sur la Toile, avec plusieurs centaines de milliers de vues avant le scrutin du 10 décembre 2014. Toutes les munitions étaient utilisées sur Facebook pour dénigrer Navin Ramgoolam et son équipe. Objectif : faire feu de tout bois pour les chasser du pouvoir.

Au plus fort de cette campagne électorale qui se jouait sur les réseaux sociaux, des émissaires du MSM avaient approché l’express dans une tentative de mettre la main sur la vidéo de Navin Ramgoolam dansant avec Nandanee Soornack. Ils se sont heurtés à une fin de non-recevoir : pour nous, journalistiquement, les photos publiées avaient un sens : démontrer l’affairisme à la tête du gouvernement (c’était de l’information), alors que les vidéos relevaient du sensationnalisme (soit de la com politicienne).

Aussitôt au pouvoir, Lepep a changé de discours au gré des scandales qui éclataient. Les nouveaux ministres ont vite oublié la tant promise Freedom of Information Act (qu’on attend depuis 1427 jours) pour faire exactement, voire pire, que le précédent régime.

Ainsi, au lieu de gouverner dans la transparence, le gouvernement Lepep a développé un goût prononcé pour le secret. En mars 2016, c’est au travers de la filandreuse Finance Act que Pravind Jugnauth a introduit une mystérieuse Investment Banking and Corporate Advisory Licence. L’express révélera que cela a été fait pour contourner la Banque centrale qui avait refusé d’octroyer une licence bancaire à Alvaro Sobrinho. Grâce au subterfuge législatif, la Financial Services Commission pouvait désormais décerner des Banking Licences, entre autres, aux sociétés de Sobrino. Puis, il y a eu les enquêtes sur Youshreen Choomka et Vijaya Sumputh qui sont restées confidentielles.

La semaine dernière, c’est sous le nébuleux Judicial and Legal Provisions (Amendment) Bill que le gouvernement Lepep est venu infliger un coup de poignard dans le dos des internautes, ceux-là mêmes qui avaient fait de Viré Mam un succès populaire. Désormais, avec l’amendement aux petites heures du matin de l’ICT Act, les internautes ont une marge de manoeuvre réduite sur les réseaux sociaux. Beaucoup n’ont toujours pas réalisé la portée de cet amendement à une année des prochaines législatives.

Pour couper court, disons que tout ce qui faisait le buzz (et partant, la popularité de Lepep) en 2014 ne sera plus permis. Ainsi, si l’équipe de campagne de Ramgoolam voulait rassembler les meilleurs moments du Yerrigadoogate, des échanges entre Pravind Jugnauth et Ameenah Gurib-Fakim au plus fort du Platinumgate, de #Langate-Tarolah, elle pourrait faire face à des poursuites après des arrestations intempestives.

Et alors qu’on pensait pouvoir faire fléchir le président de la République par intérim, celui-ci a donné son feu vert au projet de loi liberticide sans vraiment comprendre les craintes des citoyens. Après son assentiment pour le choix controversable et controversé de l’avouée Ragavoodoo à l’Electoral Boundaries Commission, c’est normal que ce proche du MSM abonde dans le même sens, c’est-à-dire en se transformant en pur rubber stamp de Lakwizinn avec aucune conscience citoyenne.

C’est dans ces moments pareils qu’on regrette de ne pas avoir un président de la trempe d’un Cassam Uteem pouvant résister aux dérives du pouvoir, quitte à délaisser la vie de château… Quant à l’express, fidèle à notre engagement, on va se battre pour que la liberté d’expression prime. Certes, nous sommes contre la propagation des «fake news» (qui relève de l’anti-journalisme) et des calomnies (dont nous sommes nous-mêmes souvent victimes), mais nous ne pouvons pas tolérer que des politiciens jouent avec l’article 12 de notre Constitution uniquement parce que cela sert leur agenda de politiciens au pouvoir…

Oui à la liberté des citoyens, et non aux dérives politiciennes.