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Mort de deux lycéens dans une avalanche: un an ferme requis contre un enseignant

23 octobre 2018, 22:20

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Mort de deux lycéens dans une avalanche: un an ferme requis contre un enseignant

Deux ans de prison, dont un avec sursis, ont été requis mardi à l’encontre d’un enseignant qui était jugé en correctionnelle à Grenoble pour «homicides involontaires», après le décès en 2016 dans une avalanche de deux lycéens qu’il encadrait lors d’une sortie de ski aux Deux Alpes (Isère).

À l’issue de son réquisitoire, le procureur a également réclamé «une interdiction définitive d’enseigner» pour ce professeur de sport de 50 ans, accusé d’avoir emprunté en janvier 2016 une piste noire fermée avec un groupe d’élèves, malgré un dispositif de dissuasion bien visible.

«Le comportement de Michel A. a été trop grave et la violation de l’interdiction a été trop persistante. Son choix ce jour-là est une aberration», a martelé le magistrat, pointant une «faute caractérisée».

Le ministère public a appuyé les plaidoiries des avocats des familles des victimes qui, citant un rapport d’expert, ont rappelé que le traitement dont faisait l’objet l’enseignant à l’époque pour soigner sa dépression «était tout à fait toléré, avec peu d’effets secondaires, dont aucun effet sédatif».

Ils ont également relevé l’absence de poursuites à l’encontre de l’Éducation nationale, qui avait à plusieurs reprises relevé un «manque de rigueur» de l’enseignant dans la pratique de son métier.

«Si Michel A. est déclaré aussi incapable après coup, il fallait aussi le déceler avant coup. La responsabilité de l’État est accablante. Il n’est pas normal qu’il soit le seul à porter la responsabilité dans ce dossier», a rétorqué son avocat, demandant à la cour de faire preuve «d’humanité».

Le 13 janvier 2016, deux lycéens de 16 ans et un Ukrainien de 46 ans avaient été retrouvés morts dans une coulée qui s’était déclenchée plus haut par des randonneurs sur un secteur hors piste de la station.

L’avalanche, qui avait progressé sur une piste noire fermée dont l’accès était encadré d’une signalétique dissuasive en plusieurs langues, avait également enseveli deux autres skieurs, dont l’enseignant.

Ce dernier encadrait alors un groupe de dix élèves de première d’un lycée lyonnais en stage au sein de la station. Il avait été extrait polytraumatisé, tandis qu’un autre lycéen s’en était sorti par ses propres moyens, indemne.

Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, le professeur - qui n’enseigne plus - n’a pas été suspendu par l’Éducation nationale mais a fait l’objet d’une procédure disciplinaire.

«Il ne se passe pas un jour sans que je pense à Léo, à Thelma et à leurs parents: il n’y a rien de pire que de perdre un enfant (...) Je ne peux que demander pardon», a auparavant confié à la barre l’enseignant.

Face au tribunal, il a expliqué qu’il venait à l’époque de reprendre le travail après une grave dépression et que son maintien sous médication l’avait «probablement empêché» de juger correctement du danger de la piste noire sur laquelle le groupe s’est engagé ce mercredi-là.

«Je n’aurai jamais dû encadrer ce stage», a-t-il ajouté d’une voix basse et hésitante, ses cheveux poivre et sel noués en catogan.

Durant son audition, l’enseignant souvent décrit par ses élèves comme «cool» et manquant d’autorité a contesté l’expertise psychologique menée durant l’instruction, qui avait conclu que son état psychologique du moment n’avait pu altérer son discernement.

La décision a été mise en délibéré au 4 décembre.