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Loga Virahsawmy: «La violence conjugale ne se cantonne pas aux familles modestes»

13 octobre 2018, 20:00

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Loga Virahsawmy: «La violence conjugale ne se cantonne pas aux familles modestes»

Après «Lotus Flower», la militante a écrit le livre «Amazing Indra». Il traite de la discrimination, de l’amour, de la drogue. Mais assez. Laissons Loga Virahsawmy elle-même décrire son oeuvre.

Vous venez de publier le livre Amazing Indra. Après Lotus Flower, oeuvre autobiographique racontant l’histoire de votre mari, Dev, vous lancez-vous pour de bon dans l’écriture ?
Lorsque j’allais écrire Lotus Flower et que j’ai interviewé Dev, il s’exprimait en bullet points. Si bien que j’ai dû faire mes propres recherches pour ajouter ce qui manquait et le tourner en roman autobiographique. Toutes les critiques que j’ai reçues ont été encourageantes. Un lecteur m’a dit qu’au cours de sa lecture, il avait eu les larmes aux yeux. Le père Gérard Sullivan, un ami de la famille, m’a dit qu’une fois qu’il a commencé à lire Lotus Flower, il ne pouvait plus décrocher.

Cela m’a fait réfléchir. Je me suis dit que le temps était arrivé pour écrire une nouvelle. Le nom Indra m’est venu instinctivement à l’esprit. Il s’agit d’une divinité à la fois homme et femme. À mon clavier, alors que je pensais écrire une dizaine de pages, mes doigts ne pouvaient plus s’arrêter. Je n’aurais pas cru que j’aurais ressenti des choses aussi fortes en écrivant. Je suis par exemple tombée amoureuse d’un des protagonistes masculins du livre, un personnage fictif. Il constitue le chapitre le plus long.

Quand avez-vous commencé son écriture ?
J’ai commencé en début d’année. Je l’ai étoffé en avril. Ce livre fait 138 pages et a été édité et monté par Boukie Banane, la maison d’édition de Dev.

De quoi traite Amazing Indra ?
J’ai écrit beaucoup d’articles et recueilli plusieurs témoignages personnels de femmes ayant subi la violence domestique et la discrimination. On voit encore à Maurice des mères préférant leur garçon alors que les filles sont traitées comme des Cendrillons. Cela ressort dans le livre. C’est aussi un peu mon histoire. Sans que mes parents ne le réalisent, j’ai subi une forme de violence subtile. J’étais la cadette et j’ai vu des préférences. Je n’ai pas réalisé que j’en avais été affectée jusqu’à ce que je commence à écrire. L’écriture m’a aidée à y voir plus clair. w Quels sont les thèmes abordés ? La violence domestique, la discrimination, l’amour, la drogue, la pression des pairs. C’est un roman axé sur la société mauricienne. .

Quel(s) message(s) voulezvous faire passer ?
Que la violence domestique ne se cantonne pas aux familles modestes, qu’elle est transversale, dans tous les milieux. Ma satisfaction est d’avoir pu mettre le doigt sur un problème intersectoriel.

Pourquoi avoir dédicacé votre livre à Colleen Lowe Morna, directrice exécutive de Gender Links en Afrique du Sud ?
Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à Colleen Lowe Morna. Elle a fait de moi la directrice du bureau francophone de Gender Links ; m’a fait découvrir les réalités des pays africains ; m’a donné des recherches à effectuer ; m’a fait organiser une conférence nationale sur la violence basée sur le genre, qui a été couronnée de succès. Elle m’a donné l’occasion de relever des défis. Je lui dois beaucoup.

Vous n’avez pas fait de lancement officiel. C’était voulu ?
Oui. Mes amis ont fait la publicité sur Facebook. J’ai été étonnée de la demande. Il y a encore des exemplaires chez moi. Le livre est à Rs 100. L’important est que les gens lisent car l’écriture y est très accessible. Les Mauriciens ne lisent pas suffisamment. Les personnes intéressées peuvent me contacter ou prendre contact avec Sheistah au bureau de Gender Links à Melrose. Mais elles doivent se hâter car sur 150 livres, il n’en reste que 40.

Avez-vous pris goût à l’écriture ?
Oui. D’ailleurs, mon prochain livre sera un roman inspiré de faits réels. Quand j’ai écrit Lotus Flower et Amazing Indra, j’ai réalisé à quel point j’ai des choses à dire. J’ai déjà mon idée. Je m’y mettrai en 2019. Il sera nettement plus épais qu’Amazing Indra.