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Il est 10 h 10…

13 octobre 2018, 09:00

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Avant on plaidait surtout pour de la vigilance de la part des automobilistes. Désormais c’est aussi aux policiers d’être vigilants face à la veille citoyenne des Mauriciens qui s’organise sur les réseaux sociaux. Ainsi cette semaine aura vu l’emballement de la blogosphère mauricienne après qu’un automobiliste, Fardeen Ramchurn, a publié, par dépit, sa contravention. Une contravention servie parce qu’il n’avait pas... les deux mains, à 10 h 10, sur le volant !

Une contravention qui a immédiatement choqué nos internautes, (déjà sous tension avec les nouvelles amendes), qui ne se sont pas fait prier pour s’en prendre aux policiers (bien évidemment il ne faut pas généraliser, mais ceux-là se reconnaîtront) qui tendent à abuser de leur position pour infliger des contraventions insolites, pour dire le moins.

Nous avons voulu savoir ce qui s’est passé dans la tête de ce policier de Fond-du-Sac qui a verbalisé l’automobiliste Ramchurn. Mais le Police Press Office de Coothen a refusé qu’on le rencontre pour discuter avec lui des infractions au Code de la route en général et du délit contre lequel il a choisi de sévir out of the blue.

Peu de temps après, d’autres internautes nous envoyaient des photos d’un policier conduisant alors qu’il était au téléphone, avec donc une seule main sur le volant. Avec d’autres promesses : zott roder ar automobilistes, zott pu gagner !

Loin de nous l’intention de soulever les automobilistes contre les policiers, d’autant que la sécurité routière fait partie de nos priorités éditoriales, cependant, il nous faut reconnaître que la donne a complètement changé avec les téléphones portables et les réseaux sociaux. L’an dernier, nous avons été témoins d’une tentative éhontée de six motards de nous coller trois contraventions sur l’autoroute parce qu’ils n’étaient pas du tout contents qu’on les avait photographiés en train de piéger les automobilistes avec leur radar en main. Grâce aux photos produites en cour, on a pu prouver que les policiers avaient fabriqué de fausses charges contre nous – dont une course-poursuite imaginaire que certains confrères avaient cru utile de répercuter sur leurs pages Web. 

Dans un jugement bien motivé, rendu en mai 2018, la Senior Magistrate Meenakshi Bhogun, face à l’ensemble des éléments du dossier, avait désavoué les policiers et avait souligné : «The excessive solicitude reflected in the attitude that a thousand guilty men may go but one innocent martyr shall not suffer is a false dilemma. Only reasonable doubts belong to the accused. Else any practical system of justice will break down and lose credibility with the community.»

Le mois dernier, il y a eu le cas des frères Hazemoth qui avaient filmé un policier en uniforme qui était manifestement dans un état second. Mais au lieu de suspendre le policier, ses collègues avaient choisi d’arrêter les Hazemoth. Provoquant, une nouvelle fois, un tollé sur la Toile. 

Plus récemment, nous avons vu à quelle vitesse les internautes ont fait ravaler sa bourde sur les baleines au ministre Prem Koonjoo. En moins de deux, le ministre de l’Économie océanique est devenu la risée des internautes. Ceux-ci forment déjà une association de défense des droits et des libertés des citoyens. C’est une véritable mission de veille politique et d’informations des citoyens qui peut refonder notre société civile – qui est en veilleuse depuis de nombreuses années. Il est 10 h 10 désormais et il faut que nos dirigeants se réveillent aux nouvelles réalités à la fois virtuelles et réelles.