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Nécrologie: Ryan Coopamah, une valeur sûre de la communication qui disparaît

22 décembre 2017, 19:30

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Nécrologie: Ryan Coopamah, une valeur sûre de la communication qui disparaît

Notre ancien collègue, Ryan Coopamah, 43 ans, qui avait rejoint la cellule de communication de la Mauritius Commercial Bank (MCB) depuis 2006 et gravi les échelons au point d’en être le responsable, et être récemment promu dans le Middle Management, est décédé dans la soirée du mercredi 20 au jeudi 21 décembre, des suites de complications liées à un fulgurant cancer du rein, qui s’est généralisé. 

Comme introduction sur sa page Facebook, Ryan Coopamah avait écrit en substance : «On ne vit qu’une fois. Faisons en sorte que cette vie ait du sens et compte.» C’est justement ce qu’il a tenté de faire tout au long de son existence, qui s’est brusquement arrêtée dans la nuit de mercredi à jeudi au King’s College Hospital, à Londres. 

Cet orphelin de mère, à la personnalité discrète, a très tôt montré des dispositions pour les études. Après un cycle primaire réussi, cet habitant de Quatre-Bornes a été admis au collège Royal de Curepipe. À l’issue de sa Form VI, le 7 janvier 1993, il est embauché à l’express comme reporter. Il apprend rapidement le métier de journaliste et s’intéresse en particulier à l’économie. 

Ashvin Rajarai, son ancien collègue, aujourd’hui établi au Canada, termine l’école à 17 ans et rejoint la rédaction de l’express. Au début, Ashvin Rajarai est perdu. «Très vite, le courant passe entre nous. Comment pouvait-il en être autrement car avec Ryan, tout était toujours facile.» De lui, Ashvin Rajarai dit avoir appris la rigueur journalistique. «Il m’a expliqué les rouages du métier et m’a toujours dit que si je voulais durer, il fallait conserver ma crédibilité et pour ça, être professionnel. Il ajoutait que la crédibilité, c’est l’armure du journaliste, sa protection. To bizin bar tou goal, s’amusait-il à me dire. J’ai suivi ses conseils»

Ashvin Rajarai est stressé à chaque fois qu’il doit se rendre à une conférence de presse. Il a peur de ne pas être à la hauteur. Il consulte Ryan Coopamah à chaque fois. «Il ne refusait jamais de prendre le temps pour m’aider. Je lui demandais ce qu’il pensait de tel ou tel sujet ou encore quelles questions méritaient d’être abordées lors du point de presse. Il prenait alors son habituel stylo Parker noir et couchait sur papier quelques idées de questions qui faisaient mouche car il se tenait au courant de tous les grands enjeux locaux et internationaux. Il partageait ses connaissances avec moi non pas comme un donneur de leçons mais comme un grand frère, dans la bonne humeur et la décontraction.»

Ryan Coopamah s’oriente de plus en plus vers l’économie et ses collègues apprécient ses écrits «qui sont clairs et complets et ses analyses pointues.» Non content de l’interroger avant d’aller couvrir un évènement, Ashvin Rajarai lui soumet aussi ses textes pour qu’il les vise. À aucun moment, Ryan Coopamah ne rechigne à le faire. «En quelques clics, le texte était transformé, enjolivé. C’était ça Ryan. On lui donnait un diamant brut et il le polissait.» 

Anne Robert, qui l’a aussi connu dans la section économie de l’express, se souvient de Ryan Coopamah comme d’un «pince sans rire, qui observait discrètement les situations et trouvait toujours le mot juste pour les décrire avec humour. Son analyse était fine. Il voyait bien plus loin et visait bien plus haut.» 

Alors qu’il est encore à l’express, Ryan Coopamah connaît ses premiers ennuis de santé au niveau rénal et doit même subir une transplantation. Mais cette complication de santé n’entame pas son sens de l’humour. «Il savait sa santé fragile mais avait choisi de vivre le meilleur», ajoute Anne Robert. «La vie l’a récompensé par un beau parcours professionnel.»

Et c’est vrai. Ryan Coopamah veut se perfectionner. Ainsi, en 1996, il quitte l’express et part pour Londres à des fins d’études supérieures. Il est admis à la City University et fait un Masters en journalisme international. Malgré la distance, il garde contact par mél avec ses amis journalistes, avec qui il avait l’habitude d’aller prendre un verre le vendredi soir après le travail et déguster un bon «poisson corne, un capitaine» ou simplement un «mine bouilli »

À son retour à Maurice, il revient à l’express où il travaille jusqu’à 2006. Il épouse Sonia, Senior Welfare Officer au conseil de district de Rivière-du-Rempart et celle-ci lui donne deux petites filles, Iniya et Naya, aujourd’hui âgées de 10 et six ans. 

Après avoir maîtrisé la communication médiatique, il s’intéresse à la communication d’entreprise et se laisse débaucher par la cellule de communication de la Mauritius Commercial Bank. Il est alors responsable des relations avec la presse. 

C’est dans la discrétion que Ryan Coopamah prend la mesure du nouveau monde professionnel qui l’entoure et il l’appréhende relativement rapidement. Il est nommé responsable de la cellule de communication le 1er janvier 2010. 

Vanessa Doger de Spéville, Group Communication Advisor, qui assure l’intérim à son poste depuis qu’il était souffrant, l’a connu pendant plus de dix ans. Très secouée par son départ, elle loue «sa grande intelligence et son humour.» Professionnellement, elle affirme que Ryan Coopamah a apporté «une touche d’innovation dans la façon de communiquer de la MCB. Il a contribué à la création de différentes plateformes de communication, au journal d’entreprise The Source et à la réalisation de tous les grands projets du groupe depuis qu’il y est entré.» 

Elle cite notamment un partenariat solide entre la Team cycliste MCB et la Fédération mauricienne de cyclisme, le site web de la banque revampé, le MCB Tour Championship, le projet Chess in school, visant à introduire le jeu d’échecs dans les écoles primaires. Un projet sur lequel Ryan Coopamah a planché et dont il ne verra toutefois pas l’aboutissement est le concours de chant VIBE, qui sera lancé en mai 2018. 

Les compétences de Ryan Coopamah sont si appréciés que le 1er août 2017, il est nommé cadre intermédiaire et rejoint le select Leadership Team de la MCB. Il ne savourera toutefois pas cette nomination longtemps car une douleur lancinante au dos le fatigue. Il développe aussi une toux qu’il attribue à une infection pulmonaire, voire une bronchite. Comme ces maux persistent malgré les médicaments, en septembre, il se prête à des analyses poussées en clinique. Et là, c’est le choc. 

On lui découvre une tumeur cancéreuse sur le rein et les métastases ont gagné le foie et la colonne vertébrale. Le pronostic n’est pas bon. Comme il a l'habitude d’aller faire ses checkups au King’s College Hospital, à Londres, le 12 octobre, il quitte Maurice et obtient un rendez-vous médical dans cet établissement le lundi 16 octobre. 

Il est soumis à des tests et des analyses encore plus poussées qu’à Maurice. Le spécialiste qui le suit l’informe que le cancer s’est propagé et qu’avec la radiothérapie et la chimiothérapie, son espérance de vie peut tourner autour de deux ans.

C’est courageusement qu’il se prête à la radiothérapie. Or, son cancer est fulgurant et le traitement ne donne pas les résultats escomptés. Mercredi dernier, le diagnostic est sans appel. Son pronostic vital est engagé et le praticien ne lui donne que quelques semaines à vivre. Les quelques semaines se sont muées en une petite semaine qui a pris fin dans la nuit de mercredi à jeudi. 

Tout au long de son calvaire, Ryan Coopamah n’a pas arrêté de communiquer avec ses proches et même à révéler son mal sur sa page Facebook. Le 17 décembre dernier, il écrivait ceci : «C’est mon dernier tour de piste. Cela a été fantabuleux (NdlR : contraction de fantastique et de fabuleux)». Il a remercié sa famille et ses amis, leur redisant son amour pour eux et que si c’était à refaire, il vivrait de la même façon. 

À Anastasia Mikova, le bras droit du réalisateur français Yann Arthus-Bertrand, avec qui Ryan Coopamah avait collaboré puisque la MCB parraine le projet de film «Woman», le 18 décembre, il dit ceci : «Cancer. Adieu». Lucide jusqu’au bout, il a sans doute demandé à son épouse d’écrire sur sa page Facebook, à minuit le soir fatidique : «Je pars dans un sommeil indolore. Bye Bye».

Le nombre de messages et de réactions sur sa page indiquent à quel point Ryan Coopamah était apprécié. Son assistante personnelle, Mélissa, est atterrée. Elle parle de lui comme «d’un patron à l’intelligence vive, sachant être à l’écoute, toujours proactif aux attentes de l’équipe». 

Pour Alain Law Min, Chief Executive Officer de la MCB Ltd et membre du Top Management, Ryan Coopamah était «un professionnel de la communication qui a contribué sans relâche à embellir l’image de la MCB. Nous aimions en lui le mélange subtil d’intelligence, de timidité et de provocation. Il nous manquera à tous.» Le site du groupe MCB est en deuil depuis hier et affiche le noir et le blanc. Ses drapeaux sont également en berne.

 Il est prévu que ses funérailles et son incinération aient lieu à Londres mais que ses cendres soient rapatriées pour être disposées à Maurice. À Sonia, à ses filles et à la famille endeuillée, l’express présente ses plus vives sympathies.