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Air Mauritius refuse une formation supplémentaire aux commandants de bord

7 décembre 2017, 20:37

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Air Mauritius refuse une formation supplémentaire aux commandants de bord

La direction d’Air Mauritius (MK) a rejeté la demande des deux syndicats de pilotes afin que les commandants de bord puissent bénéficier d’une formation supplémentaire de dix minutes en simulateur sur le siège du copilote. Il se trouve que cet exercice permet au personnel de gérer des pannes éventuelles à partir de ce siège.

Cette demande était motivée par le fait que les commandants de bord sont entraînés à piloter à partir du siège de gauche et les copilotes sur celui de droite. Le commandant de bord n’a pas le droit de s’asseoir sur le siège du copilote au moment de l’atterrissage et de décollage, à moins d’avoir eu une formation spécifique. Tout comme le copilote peut occuper le siège du commandant de bord uniquement lorsque l’avion est en croisière.

Comme MK connaît un manque sévère de copilotes actuellement, tous ses long-courriers de 11-12 heures volent désormais avec deux commandants de bord et un copilote, alors qu’en temps normal, il devrait y avoir un commandant de bord et deux copilotes. Chacun d’eux a droit à trois heures de repos.

Gestion des problèmes

De ce fait, lorsque le copilote va se reposer, c’est un commandant de bord qui prendra son siège à droite. Or, en cas de panne moteur ou de décompression, ce commandant de bord n’est pas formé à la gestion d’un problème à partir de la place du copilote. D’où la demande des commandants de bord pour une formation supplémentaire de dix minutes en simulateur à la place du copilote et ce, tous les six mois.

Ce règlement était en vigueur internationalement il y a quelques années. Et bien qu’il ne soit plus obligatoire comme avant, plusieurs compagnies aériennes dont Emirates, Air France, Qatar Airways, la Korean Airlines, continuent à offrir à leurs commandants de bord une formation en simulateur à la place du copilote pour gérer d’éventuels problèmes. C’est ce qu’ont également demandé les deux syndicats de pilotes à la direction de MK. Celle-ci leur a rendu une réponse négative dans la soirée du dimanche 3 décembre.

«C’est pour le moins curieux que la direction d’Air Mauritius nous réponde un dimanche soir pour nous dire  que notre demande n’est pas un requirement international et que ce n’est pas nécessaire. En d’autres termes que cela va coûter de l’argent», s’insurge un commandant de bord. Et de poursuivre que «les pilotes ayant pris connaissance de cette réponse sont sidérés par l’attitude de la direction de la compagnie qui clame que la sécurité de ses passagers est son primary concern, mais refuse à ses commandants de bord dix minutes supplémentaires  en simulateur pour pratiquer ces pannes».

Accident d’avion

Un autre commandant de bord poursuit que la réglementation internationale par rapport aux pilotes change bien souvent après un accident d’avion. «Le cas classique est le crash d’Air France Rio-Paris en 2009 qui a fait 228 morts. L’enquête a démontré qu’il y avait un souci dans la formation des pilotes.» Selon lui, «dans les manuels des pilotes, il est dit que s’il y a une safety issue, il appartient aux employés de le rapporter à la direction. Or, lorsque nous signalons que le fait que le commandant de bord qui n’ait pas pratiqué de pannes  en simulateur en occupant le siège du copilote peut poser une safety issue, la direction de MK nous refuse ce temps supplémentaire de formation, c’est vraiment choquant.»

Du côté de MK, on explique que la compagnie opère dans un cadre réglementaire très rigoureux. Comme mentionné dans un communiqué émis le  5 décembre, «Toutes ses procédures sont sujettes à des audits de la part des autorités de l’aviation civile internationale y compris du département de l’aviation civile à Maurice. La compagnie est aussi certifiée par plusieurs instances internationales dont la IATA à travers l’IATA Operational Safety Audit (IOSA) et l’European Aviation Safety  Agency (EASA).»

«Air Mauritius tient à préciser qu’elle respecte scrupuleusement la réglementation concernant le personnel requis pour l’opération de ses vols. Le personnel navigant bénéficie d’un programme de formation robuste permettant d’assurer les normes les plus élevées en matière de sécurité. Cette formation est aussi conforme à la réglementation et est sujette à des audits réguliers», peut-on lire dans le communiqué.