Publicité

Manière de voir: cuisine réellement exclusive

14 octobre 2017, 08:11

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Bhanumati (Rita) Veerasamy, qui dirige dans les faits la puissante entité connue comme la State Investment Corporation (SIC), est un cadre compétent dont les qualités ont été appréciées à leur juste valeur par différents gouvernements, y compris celui de Navin Ramgoolam.

Le fait qu’elle soit la soeur de Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas valu à Rita Veerasamy d’être invitée à lev paké alé par un gouvernement hostile envers ce ministre actuel du MSM. Mais, situation paradoxale, c’est le gouvernement de son frère qui exerce des pressions actuellement pour qu’elle s’en aille. La raison évoquée semble justifiée car elle va atteindre l’âge de la retraite l’année prochaine. Or, le présent gouvernement ne fait pas toujours une corrélation entre l’âge et les capacités physiques et mentales. Ainsi, bien qu’il soit âgé de 87 ans, sir Anerood Jugnauth (de 23 ans plus âgé que Rita Veerasamy) occupe bien les fonctions de ministre mentor. En décembre 2014, bien qu’âgé de 84 ans, sir Anerood fut bien présenté – et plébiscité - comme Premier ministre, poste qu’il occupa jusqu’en janvier 2017.

Outre le cas Jugnauth, le présent gouvernement compte dans ses rangs plusieurs nominés qui sont plus âgés que Rita Veerasamy et qui occupent des postes stratégiques au Prime Minister’s Office, au ministère des Finances, dans d’autres ministères et différents corps para-étatiques. Sir Bhinod Bacha est âgé de 74 ans. Dev Manraj, secrétaire financier et grand patron dans plusieurs institutions, frise les 70 ans. Donc, si jamais Rita Veerasamy, qui veut encore diriger la SIC, décide de saisir l’Equal Opportunities Commission de son cas, ce serait intéressant de voir comment le gouvernement viendrait prouver qu’il n’a pas agi de façon discriminatoire envers un cadre qui a servi le pays pendant plus de 40 ans.

Rita Veerasamy n’est pas la seule personnalité à avoir subi un traitement discriminatoire de la part de ceux qui détiennent le vrai pouvoir. Koomaren Chetty, candidat du MSM aux dernières élections générales, a été contraint à partir d’une importante entité qui gère les ressources foncières de l’État. Cette entité – Landscope (Mauritius) Ltd – est dirigée par Gérard Sanspeur et la fille de la Speaker. Celle-là même qui avait avoué ne pas savoir pour quelles fonctions elle avait postulé car on lui avait simplement demandé d’«apply» car le poste avait été déjà créé.

Pour continuer avec la série, relevons aussi le cas de Megh Pillay, débarqué d’Air Mauritius, car il voulait rappeler à l’ordre un certain Mike Seetaramadoo, un homme qui avait été licencié de la compagnie mais qui voulait se comporter en boss. Quel est le lien entre le fait de se débarrasser de Rita Veerasamy, Koomaren Chetty et Megh Pillay et la consécration de Mike Seetaramadoo dont les agissements ont coûté Rs 240 millions (chiffre avancé par Pravind Jugnauth) à la compagnie aérienne suivant les perturbations industrielles de la semaine dernière ?

La cuisine ! Rita Veerasamy aura beau être la soeur d’un senior minister du MSM, mais elle n’est pas membre de la cuisine, qui veut avoir une mainmise totale sur la SIC. Koomaren Chetty a été candidat du MSM mais il n’a pas fait partie de la cuisine qui veut contrôler sans partage Landscope. Quant à Megh Pillay, dont la compétence en tant que gestionnaire, surtout d’Air Mauritius, est reconnue, sa présence à la tête de la compagnie ne permettait pas à la cuisine de faire du transporteur national l’une de ses filiales.

L’émergence de la cuisine comme instrument autoritaire et totalitaire représente un phénomène nouveau dans les annales politiques du pays. Le fait que le MSM ait réussi à battre les forces combinées du MMM et du Parti travailliste aux dernières élections a donné une certaine assurance dans sa propre force au parti orange. Puisque l’opposition est irrémédiablement divisée, la cuisine entend bien prendre quelques risques si, au bout du compte, elle finit par tout contrôler dans le pays, tout en se croyant soutenue par une importante frange de l’électorat.