Publicité

Procès en cour: quand Ramgoolam comparaît, la foule apparaît

6 août 2017, 10:55

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Procès en cour: quand Ramgoolam comparaît, la foule apparaît

Dehors, les flashes crépitent. Les journalistes s’agitent. Les badauds s’excitent. L’arrivée d’un ancien Premier ministre en cour n’est jamais une chose anodine. Surtout après qu’on a découvert chez lui des coffres-forts remplis de billets. Ou qu’on l’a vu «piké enn ti séga» avec Nandanee Soornack sur les photos parues dans les journaux. Ou que son ancien «ami», qui a retourné sa veste (de marque) s’apprête à témoigner contre lui…

C’est le cas en ce 31 juillet. Comme à l’accoutumée, la salle d’audience est pleine comme un oeuf. Sur le banc des accusés dans l’affaire Roches-Noires : la «star», Navin Ramgoolam, ancien lion à la crinière ternie. Mais aussi Dev Jokhoo, ancien directeur du National Security Service et Rampersad Sooroojbally, ex-Deputy Commissioner of Police.

Me Narghis Bundhun, Senior Counsel, qui représente ce dernier, voit rouge dans sa robe noire. La raison : des pupils et des mini pupils, pas forcément indisciplinés. C’est juste que les aspirants avocats sont venus, par «grappes», assister au procès. Ils sont une vingtaine. Me Bundhun lance un appel, à la demande des magistrats Seebaluck et Jannoo-Jaunbocus, les prie de libérer les bancs. «Je sais qui travaille chez qui et je demande à ceux qui ne sont pas directement concernés par cette affaire de bien vouloir quitter les lieux. Si vous voulez, vous pouvez revenir à tour de rôle, pour suivre le procès…»

Me Gavin Glover, tout sourire.

Il faut dire qu’il n’est pas donné à tout le monde d’assister à la «représentation» d’une telle «pièce». «Il s’agit davantage d’un spectacle pour les pupils, qui considèrent ce procès comme un cas d’école en matière de justice. Cela leur servira dans leur apprentissage, mais la plupart viennent surtout pour le scénario», lâche une source dans le milieu judiciaire.

Il n’y a pas qu’eux. Les journalistes ont les oreilles dressées, les calepins se noircissent au fil des heures. Les fidèles supporters rouges sont là aussi. Certains sont moins connus, d’autres plus. Parmi eux, d’anciens ministres, dont Patrick Assirvaden, Lormus Bundhoo, Anil Bachoo, entre autres. Les visages sont fermés, les mines renfrognées, les expressions énigmatiques.

Il arbore un sourire discret, ou peut-être est-ce un rictus, difficile à dire. Il plisse les yeux, fixe Gooljaury avec insistance tout au long de l’audience.

Après les partisans du parti «la clef», place au témoin-clé. Rakesh Gooljaury fait son entrée, telle une vedette de cinéma. Il est accompagné d’un garde du corps. Armé, comme celui du ministre Soodhun. Mais on s’égare du sujet. Hormis les robes noires et les partisans rouges, il y a aussi du bleu, beaucoup de bleu. Des uniformes de policiers, pour être exacte. Parmi eux, des prosecutors, apprend-on.

L’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam lors d’une de ses comparutions en cour.

Le procès démarre enfin, il est 10 h 55. Le rideau imaginaire se lève, le silence remplace le brouhaha, les choses sérieuses commencent. Le contre-interrogatoire de Rakesh Gooljaury est conduit par Me Gavin Glover, Senior Counsel. Celuici sort la mitraillette verbale, bombarde l’homme d’affaires de questions.

Rakesh Gooljaury, comme toute vedette qui se respecte, s’adresse à Me Glover par son prénom, faisant fi du décorum de la cour. À la poubelle de la bienséance, le «votre honneur». Me Glover s’énerve, il sort sa verve, demande aux magistrats de rappeler le témoin à l’ordre. En arguant qu’il n’est pas le «good friend» de Gooljaury…

Une touche d’ironie, quand on sait que ce dernier avait présenté Navin Ramgoolam comme un «ami proche» lors d’une autre comparution en cour. La pique de Me Glover provoque l’hilarité générale dans la salle. Les magistrats rappellent l’ancien patron de Fashion Style à l’ordre.

Navin Ramgoolam, lui, arbore un sourire discret, ou peut-être est-ce un rictus, difficile à dire. Il plisse les yeux, fixe Gooljaury avec insistance tout au long de l’audience. Tantôt stoïque, tantôt pensif, l’ancien Premier ministre refuse de laisser transparaître ses émotions.

Les prochains feuilletons du procès, eux, sont programmés pour les 20 et 25 septembre. Les principaux acteurs ainsi que les spectateurs seront certainement au rendez-vous….