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Discrimination contre un pilote: MK réprimandée par l’EOC

30 janvier 2016, 10:06

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Discrimination contre un pilote: MK réprimandée par l’EOC

Il y a une politique de «deux poids, deux mesures» à Air Mauritius. C’est ce que déclare un pilote mauricien de 41 ans contacté par l’express. Il a déposé une plainte contre Air Mauritius à l’Equal Opportunities Commission (EOC) et à la fin de 2015, cette instance a tranché. Estimant notamment que le pilote «a été traité moins favorablement» que les étrangers du fait qu’il est Mauricien.

 

Au cours d’une rencontre en vue d’une conciliation préconisée par l’EOC, le pilote a demandé aux représentants de la compagnie d’aviation nationale de revoir la position affichée. Il lui aurait été dit qu’il serait considéré lors d’une prochaine interview. Trois mois se sont écoulés depuis…

 

Le pilote en question, détenteur de trois brevets de pilote de ligne obtenus en Afrique du Sud, en Floride et à Maurice, comptabilise plus de 3 500 heures de vol et est qualifié pour voler des moyen-courriers. Étant Mauricien, il a postulé une quinzaine de fois pour être embauché comme pilote à Air Mauritius et à chaque fois, il a essuyé un refus. Finalement, il s’est tourné vers l’étranger où il a travaillé pour quatre différentes compagnies aériennes.

 

Étant marié à une étrangère, il a voulu faire sa vie dans son pays natal, d’où ses demandes d’embauche auprès d’Air Mauritius. Les raisons avancées par la compagnie nationale pour justifier le refus de le recruter sont qu’il n’a pas de Higher School Certificate et qu’il n’a pas pris les mathématiques et la physique comme matières d’études. Or, comme le pilote mauricien l’a fait valoir devant l’EOC présidée par Brian Glover, aucune compagnie aérienne internationale n’a de telles exigences, sauf envers les apprentis pilotes.

 

Copie des conclusions rendues par l’Equal Opportunities Commission à la fin de 2015 par rapport à une plainte logée contre Air Mauritius par un pilote mauricien.

 

Tout comme ce fils du sol a mis en avant le fait que sur les 175 pilotes employés à Air Mauritius dont une centaine sont des expatriés, bon nombre n’ont pas les équivalences de la Higher School Certificate. Il a cité le cas du chef pilote parti à la retraite depuis peu et celui du Training Captain.

 

Insatisfaite des explications fournies par MK

 

Il porte plainte devant l’EOC le 2 octobre 2013 estimant faire l’objet d’une discrimination. La commission démarre son enquête. Le pilote mauricien obtient une réponse de la commission le 24 août 2014 dans laquelle cette instance se dit «insatisfaite» des explications fournies «so far» par Air Mauritius qui est convoquée pour venir s’expliquer devant la commission le 2 septembre 2014 à 11 h 30.

 

Le 5 septembre 2014, soit trois jours après, le pilote mauricien reçoit un courriel d’Air Mauritius qui l’invite à venir passer un examen écrit, une interview et un test psychométrique les 7 et 8 octobre 2014. Il s’y rend et se soumet à tous les tests. On l’informe peu après qu’il n’a pas réussi mais il n’obtient pas de raison justificative.

 

De son côté, tout en reconnaissant qu’il n’a pas les mêmes exigences académiques envers les six pilotes expatriés recrutés sans avoir été examinés, Air Mauritius justifie sa décision en arguant que les pilotes expatriés ont plus de 10 000 heures de vol, qu’ils ont une Airline Transport Pilot Licence valide, que les six pilotes étrangers étaient des capitaines de lignes aériennes reconnues, qu’ils sont «type rated» et qu’ils peuvent voler des A340/A330. Pour finir, la compagnie aérienne nationale avance que le pilote mauricien a montré un «poor basic aeronautical knowledge» durant l’interview, ce qui explique que sa candidature n’a pas été retenue.

 

Il portera l’affaire plus loin

À la commission, le pilote mauricien a déclaré qu’il n’a pas été examiné sur ses connaissances aéronautiques durant l’entretien en face à face. Et que les dites connaissances auraient dû avoir été jugées sur ses performances à l’écrit, épreuve qu’il a brillamment réussie.

 

Après avoir écouté les deux parties, Brian Glover et les membres de l’EOC, en l’occurrence le Dr Rajayswur Bhowon et Shameer Mohuddy, déclarent que «based on the evidence before it, the Commission is of the view that, on a balance of probabilities, there is sufficient evidence which tends to establish that the complainant has been less favourably treated by the Alleged Discriminator on the ground of his place of origin». La commission estime que la plainte «cannot be resolved by conciliation given the stance taken by the Alleged Discriminator» mais recommande tout de même que les deux parties trouvent un terrain d’entente.

 

À l’express, le pilote se dit déterminé à porter l’affaire plus loin, sans toutefois en dire davantage.