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Kiran Juwaheer, Managing Director, Vivo Energy Mauritius Ltd : «Vivo Energy envisage des stations-service avec blanchisserie et courrier-express…»

4 juillet 2014, 21:05

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Kiran Juwaheer, Managing Director, Vivo Energy Mauritius Ltd : «Vivo Energy envisage des stations-service avec blanchisserie et courrier-express…»
 
Le «Managing Director» de Vivo Energy (Mauritius) Ltd explique que dans un contexte de compétition féroce, la compagnie joue la carte de la modernisation pour améliorer ses opérations. Elle s’est aussi attelée à développer la filière du bunkering.
 
Les explorations effectuées par les chercheurs indiens et russes sont arrivées récemment à la conclusion que l’océan Indien pourrait receler des nodules susceptibles d’être exploitées en vue de la production de pétrole. Comment accueillez-vous cette décision ?
La découverte de pétrole dans la région pourrait et devrait booster l’économie des îles. Cependant, il faudrait que toutes les parties concernées comprennent bien les enjeux de l’exploration du pétrole dans l’océan Indien avant de se lancer dans un tel projet. 
 
Je pense qu’il faudrait tout d’abord un «framework» bien établi et une législation bien définie. Ensuite, il faudrait chercher à voir ce qui se fait ailleurs dans l’exploration afin d’adopter les meilleures pratiques dans ce domaine. Nous devons réussir du premier coup, «get it right first time».
 
Certes, c’est une première étape. D’autres recherches approfondies doivent se poursuivre pour analyser sa rentabilité commerciale.
 
Le marché pétrolier a été volatil ces derniers jours avec des événements politiques en Ukraine et en Irak influant sur le cours du Brent sur le marché international. Quelle lecture en faitesvous?
Le pétrole a récemment atteint son cours mondial le plus élevé depuis ces six derniers mois. Le pétrole est un domaine dont on ne peut pas vraiment prédire le cours, la tendance variant d’un mois, sinon d’une semaine, à l’autre. Les prévisions établies sur le plan international à fin mai étaient que le baril allait descendre sous la barre des $100 au second semestre. Or, la hausse de la demande de pétrole prend de l’ampleur au fur et à mesure que la reprise économique s’installe, suivie parallèlement d’une offre de la production.
 
La fluctuation se joue sur plusieurs facteurs tant économiques que politiques. Par exemple, avec l’évolution de la situation en Irak ces jours-ci, l’impact sur l’offre du pétrole se fait déjà sentir sur le plan mondial.
 
Ces facteurs externes ne risquent-ils pas d’influencer le prix local ?
Je dirais que non parce que la State Trading Corporation dispose d’un fonds de stabilisation qui peut absorber des coûts additionnels au lieu de les passer directement aux consommateurs. Les autorités ont déjà eu recours à ce fonds dans le passé.
 
Comment se présente le secteur pétrolier à Maurice ?
C’est un secteur qui est appelé à se développer même si la morosité peut gagner certaines industries sur lesquelles la compagnie s’appuie pour engranger ses revenus. Toutefois, d’une manière générale, je peux dire que Vivo Energy Mauritius a eu une croissance soutenue dans presque toutes ses opérations et nous sommes fiers d’investir pour l’avenir afin de pérenniser notre présence à Maurice.
 
La compagnie peut d’ailleurs s’enorgueillir de sa situation de leader à Maurice avec 37 % à 38 % de parts de marché. Une performance que nous répliquons dans nos principaux segments d’activités tels que les services à la pompe, la filière commerciale et industrielle, l’aviation et le soutage.
 
Nous avons les moyens de viser un objectif de 40 % de parts de marché à long terme. Certes, la compétition est féroce avec un marché limité par sa taille. La croissance au niveau des ventes de véhicules est de 5 % annuellement alors que les ventes de Mogas et de diesel ne dépassent pas 3 %. Néanmoins, malgré la compétition, Vivo Energy est bien armée pour conserver sa situation de leadership au niveau de cette industrie.
 
Comment ?
En jouant la carte de la modernisation pour améliorer nos opérations. Une démarche qui passe forcément par des investissements dans nos infrastructures. Ce que nous avons d’ailleurs fait dans un passé récent, quand Vivo Energy Mauritius a injecté plus de Rs 200 millions. Qui est du reste notre plus gros investissement depuis que nous sommes présents à Maurice, ce qui remonte à plus de 170 ans.
 
Il faut dire que cette enveloppe d’investissement s’est limitée à trois secteurs d’activités, soit le bunkering, la vente à la pompe et la filière industrielle et commerciale.
 
Vivo Energy travaille sur de nouveaux services qui vont intégrer son activité de vente à la pompe. Lesquels ?
Nous travaillons effectivement à élargir nos services dans nos stations. Nous estimons que la vente des produits pétroliers n’est qu’une des activités qu’une stationservice peut offrir.
 
C’est d’ailleurs sur la base de ce postulat, et en s’appuyant sur des résultats de nos différentes sessions de brainstorming, que l’idée est venue de transformer nos stations- service en des one-stopshops. Comme c’est le cas des stations Shell en Afrique et dans des pays européens.
 
Ainsi, outre la vente à la pompe, nous envisageons d’introduire de nouveaux services, dont le lavage de véhicules, le servicing, la blanchisserie ou encore le courrier-express. Une palette de nouveaux services sous un même toit ne peut que fidéliser davantage la clientèle de Vivo Energy qui s’est associée à des partenaires d’affaires pour les proposer au public.
 
Nous avons choisi Floréal pour ce projet pilote que nous comptons répliquer dans d’autres stations-service. Il s’agit de trouver des espaces nécessaires pour accommoder ces nouveaux services.
 
Vivo Energy Mauritius est partie prenante de la construction de nouvelles infrastructures de stockage de produits pétroliers à Mer Rouge. Quelle est la démarche derrière ce projet ?
C’est uniquement dans un souci d’éviter tout risque de pénurie de Mogas. C’est un projet qui implique les quatre compagnies, soit Vivo Energy, Total, Engen et Indian Oil. Elles ont constitué un consortium connu comme le Mauritius Oil Storage Terminal (MOST) pour développer de nouvelles infrastructures de stockage à Mer-Rouge. Dans un premier temps, MOST construira trois cuves pouvant contenir 15 000 tonnes métriques d’essence. Ce projet nécessitera un investissement de Rs 450 millions, qui sera réparti équitablement entre les quatre opérateurs.
 
C’est un projet à long terme, avec la possibilité de stocker jusqu’à 25 000 tonnes métriques de Mogas. J’estime qu’avec ces nouvelles installations qui seront développées sur un terrain de deux hectares à côté de Petredec, Maurice disposera de 38 jours de stockage de Mogas, contre 30 actuellement. Ce qui nous donnera une certaine flexibilité pour mieux gérer notre stockage de Mogas à l’échelle nationale. Nous espérons que ce projet se concrétisera en décembre 2014.
 
La libéralisation des services de bunkering est aujourd’hui une réalité. Comment Vivo Energy compte-t-il se repositionner face à ce changement dans le paysage pétrolier à Maurice ?
Disons que chez Vivo Energy, le bunkering n’est pas un nouveau service. Du reste, nous le considérons comme un créneau porteur pour nos activités offshore. Avec un marché de 160 000 tonnes de gasoil par an, nous sommes de loin le leader dans ce segment d’activité avec 37 % de parts de marché. À travers de nouveaux investissements, nous nous sommes donné les moyens logistiques de faire face à la compétition – surtout dans un contexte de libéralisation de ce service – tout en gardant notre position de leadership dans ce créneau.
 
Nous sommes ainsi à ce jour la première et la seule compagnie à commercialiser le Fuel Oil 380 après l’annonce faite par le gouvernement. Nous avons investi dans une structure moderne et adaptée d’un système de chauffage pour le stockage de ce type d’huile, dans la mesure où le 380 nécessite une température spécifique.
 
Notre offre contribue à augmenter le nombre de navires faisant escale à Port-Louis. Pour le moment, nous sommes satisfaits de la réaction de ceux qui viennent s’approvisionner chez nous. Évidemment, il y a tout un travail de marketing que nous menons en concertation avec nos agents et la maison mère pour augmenter le trafic maritime vers Maurice car il ne faut pas oublier que la compétition est rude dans cette filière à l’échelle régionale et mondiale.
 
Ce qui n’empêche pas d’autres opérateurs de se lancer dans ce créneau…
Tout à fait. D’ailleurs, on a noté depuis le début de l’année, suivant la libéralisation du bunkering, que beaucoup d’entreprises démontrent un vif intérêt pour ce projet. On comprend certainement que le bunkering hub pourrait laisser croire que n’importe quelle entreprise peut maintenant importer ces produits. Or, opérer dans le secteur pétrolier requiert des compétences, de l’expérience et le respect de normes internationales très strictes.
 
Nous comptons plus de 109 ans dans le domaine et nous sommes la première société pétrolière à Maurice à avoir opéré une barge. Nous avons l’appui d’experts et de professionnels dans le domaine. On ne peut prendre de risques quand il s’agit de notre environnement.
 
Par ailleurs, l’ouverture de ce secteur aux opérateurs locaux ou étrangers ne va pas du jour au lendemain positionner Port-Louis comme un «marine hub» dans cette région du monde. Il faut parallèlement donner aux autorités portuaires les moyens logistiques de développer ce secteur pour pouvoir attirer un nombre grandissant de bateaux à venir s’approvisionner en gasoil ou en huile lourde dans nos eaux.
 
Cependant, il ne faut pas oublier qu’en ce qui concerne l’activité de bunkering, nous avons des concurrents de taille comme les ports de Durban, de Singapour ou encore de Colombo. Il nous faut être compétitifs dans ce secteur tout en proposant un service de qualité pour pouvoir concurrencer ces géants portuaires.
 
Un «bunkering hub» ou un «marine hub» ne sera pas une réalité de sitôt ?
Évidemment pas ! Le concept de hub implique qu’il y a un ensemble d’activités gravitant autour des services de bunkering et que Maurice peut offrir. Je pense notamment au ravitaillement des bateaux, aux réparations des bateaux, aux chargements d’armes ou encore aux services d’hébergement dans des hôtels pour les équipages. Il faut que tous ces services se développent parallèlement à l’activité de bunkering pour qu’on puisse parler raisonnable de hub. Pour le moment, on est loin du compte.