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E-Learning pour tous

21 mars 2005, 00:00

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Cette année, pour marquer la Journée internationale de la Francophonie, le Groupe de recherche en Francophonie de la Faculté des sciences sociales et humaines a choisi le E-Formation & E-Apprentissage (E-Learning) pour thème. Au cours de sa troisième manifestation qui s?est déroulée vendredi dernier d?abord au Centre d?accès à l?information et ensuite à l?Auditorium Octave Wiehe de l?Université de Maurice, le groupe, conscient qu?on est à l?ère de la technologie de pointe et que l?île Maurice est en passe d?être une cyberîle, a mis l?accent sur la modernité, comme l?a expliqué Shakuntala Boolell, la nouvelle coordinatrice du groupe.

La décision de lier l?apprentissage à la haute technologie vient du fait que ?la modernité fait partie des apprentissages?, a-t-elle déclaré, s?inspirant de Rimbaud, lors de son discours d?ouverture fait en présence de M. Legall, Conseiller culturel auprès de l?Ambassade de France, du professeur Mohamedbhai, vice-chancelier de l?Université de Maurice et d?Eileen Lohka, enseignante à l?Université Calgary de Canada (voir hors-texte). Ce lien permettra la création ?d?une communauté de francophones virtuelle? qui, selon Bruno Cunniah, chef du département de français, participera activement à la ?dissémination du savoir.? C?est dans une même optique, par ailleurs, que les membres du groupe ainsi que leurs collègues comptent enrichir le site en y rajoutant des articles spécialisés.

<B>Améliorer l?enseignement francophone</B>

Le Groupe de recherche en Francophonie, en collaboration avec le Centre d?accès à l?information, a procédé ainsi au lancement de la première revue informatisée. La présentation de la version informatisée a été faite par M J. P. Tô, le responsable Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Grâce à cette nouvelle technologie, cette revue atteindra une diffusion plus rapide et plus large. ?Symbole d?un dialogue permanent?, selon Shakuntala Boolell, ?réponse à un monde de diversité et de solidarité?, selon Palma Veerapen, doyen de la faculté, cette toute première revue électronique instaure par la même occasion une interactivité, entre groupes de recherche, susceptible d?améliorer l?enseignement de la langue et des littératures française et francophone. En ce sens, comme l?affirme encore Palma Veerapen, ?la Francophonie est une force qui assure la diversité du monde?.

Elle est aussi ?une réalité dynamique dont le rayonnement est perçu à Maurice?, affirme le professeur Mohamedbhai, insistant sur sa réalité culturelle et politique. Ce dernier ne manquera pas de souligner la présence d?un climat d?interculturalité qui, aujourd?hui, a fait de la langue française une partie de notre patrimoine. À cet effet, tout en félicitant l?initiative du Groupe de recherche, le professeur a laissé entendre que l?Université de Maurice apposera sa signature à une nouvelle convention avec la Francophonie le 23 mars prochain.

Cette rencontre a fait également l?objet du lancement des Actes de la Journée de la Francophonie du 19 mars 2004 qui avait pour thème francophonie et plurilinguisme. À cet effet, Palma Veerapen a tenu à remercier l?AUF d?avoir accepté de publier gratuitement ces Actes.

Pour retrouver la version informatisée, consulter le site : http://grf.mu.refer.orgl.

PORTRAIT

<B>Eileen Lohka, la francophone qui vient du froid</B>

■ De l?Université de Calgary nous vient celle par qui la francophonie canadienne fait son entrée à Maurice. Eileen Lohka, Mauricienne établie depuis plus de vingt-cinq ans au Canada où elle enseigne la littérature francophone, était l?invitée d?honneur de cette journée organisée par le Groupe de recherche en francophonie de la faculté des sciences sociales et humaines. Elle est venue nous offrir une découverte de la francophonie canadienne et son rapport avec la haute technologie à travers une illustration de REPSIT (voir article plus loin).

Actuellement de retour dans son pays natal, en congé sabbatique, Eileen mène un travail de recherche sur ?la femme dans la période coloniale.? Elle passe donc la plupart de son temps aux archives. Ce qui l?attire là-bas, ce sont les détails qui dévoileraient le vécu des femmes de l?époque et de toutes les couches sociales, qu?elles soient Blanches, Esclaves, Maronnes ou Noires libres. Ainsi, découvre-t-elle que si la femme Noire libre avait plus d?indépendance que les trois autres, elle était toutefois doublement marginale parce qu?elle était noire et esclave. Le rapport de l?indépendance de l?être à son statut social devrait intéresser nos anthropologues modernes de plus près !

Eileen Lohka est une passionnée de l?écriture féminine francophone. À l?Université de Calgary, elle enseigne les ?uvres d?Ananda Devi, de Marie Thérèse Humbert, de Maryse Condé, entre autres. Selon elle, si la femme a beaucoup écrit dans la littérature post-coloniale, c?est parce qu?elle est d?abord tout simplement femme, mais aussi parce que quelque part elle se cherche, elle cherche son identité et sa mémoire. C?est pourquoi elle est d?avis que l?écriture féminine post-coloniale dévoilerait la présence d?une mémoire collective que l?on ne peut nier. Il existe, par ailleurs, un site qui fournit quantité d?informations sur la littérature post-coloniale, dans le menu du REPSIT.

Sa participation à la Journée de la Francophonie nous a permis de prendre conscience de l?échange légitime qui peut naître entre l?île Maurice et le Canada à cause de leur histoire commune. Les deux pays sont officiellement anglophones mais forment chacun une francophonie plurielle. Différente appartenance géographique et climatique mais même situation linguistique : dans ces deux pays, la langue française résiste contre la domination de la langue anglaise et fleurit. Parmi les facteurs qui contribuent à cette résistance sont essentiellement l?écriture et la peinture. Autant dire, l?art.

Mais Eileen Lohka n?est pas à Maurice que pour la recherche. Elle ne cache pas son plaisir d?avoir retrouvé sa plage préférée avec son lagon bleu et son soleil d?argent ? en dépit de la pluie persistante. Et malgré toutes ces années passées dans le froid canadien et malgré l?accent nasalisé de ce pays qui lui est resté visiblement accroché au bout de la langue, Eileen Lohka est restée mauricienne de c?ur. Fièrement et pour toujours.