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Harry Potter de nouvelles aventures en français

6 décembre 2003, 00:00

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Harry Potter a débarqué en langue française, dans les librairies francophones, dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 décembre. Les 255 000 mots de la version anglaise de Harry Potter and the Order of the Phoenix - un pavé d?un kilo sorti en juin en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis - se sont transformés, en français, en «1 451 feuillets dactylographiés»que le traducteur, Jean-François Ménard, a remis, exténué, à l?éditeur Gallimard, après trois mois d?un marathon acharné, «douze heures par jour, sans une journée d?arrêt».

Un millier de happy few avaient reçu des «cartes d?embarquement réservées aux moldus» à bord du «Poudlard Express». Ce qui, en langage non potterrien, signifiait qu?ils étaient invités à fêter ce lancement, dans la soirée du mardi 2 décembre, dans un lieu parisien tenu secret. A minuit une, les libraires - qui avaient déjà enregistré 250 000 réservations - ont commencé à satisfaire des cohortes d?inconditionnels fébriles.

«C?est le plus gros quart d?heure de vente qu?on ait jamais vécu», commentait un libraire berlinois lors de la sortie de ce même tome en Allemagne il y a presque un mois. En France, le battage médiatique aura pourtant été moindre qu?à l?accoutumée. «On nous a tellement reproché de trop donner dans le marketing qu?on a mis la pédale douce, commente un membre de Gallimard Jeunesse. Du coup, certains journalistes trouvent qu?on ne donne pas assez de chiffres.» En fait de chiffres, en effet, il faut se contenter de peu. Ceux du tirage restent confidentiels. On saura seulement que la mise en place a dépassé un million d?exemplaires.

UN HÉROS GROGNON

Et Harry, dans tout ça ? Quand le livre s?ouvre, il est fâché. Il commence sa cinquième année à Poudlard sans avoir reçu, de tout l?été, la moindre nouvelle de ses amis Ron et Hermione. Voilà qui donne la tonalité de l?ensemble.

Chagrin, colère, révolte : le personnage s?affirme, il est plus ombrageux et aussi très sensible aux diverses autorités susceptibles de s?opposer à lui.

Jean-François Ménard note que l?écriture de J. K. Rowling suit cette tendance : «Elle s?intensifie, se densifie. Les phrases sont plus longues. Au fil de la saga, on va dans le sens d?un épaississement de la langue. On retrouve certes les caractéristiques habituelles - humour, jeux de mots, vivacité... - mais, sur le fond, les choses deviennent plus sombres, plus graves.»

Certains seront déçus par l?absence de révélation bouleversante. Pour autant, note Jean-François Ménard, ce passage correspond à un «tournant du livre. La prophétie met Harry face à un destin auquel il ne peut échapper qu?en en sortant à son avantage. Entre Voldemort et lui, c?est désormais une question de vie et de mort».

Schémas classiques d?un monde clivé, éternel combat du bien et du mal : d?aucuns, comme la romancière britannique A. S. Byatt, n?ont pas caché qu?ils avaient été moins enthousiastes que pour les tomes précédents. Mais les avis sont partagés. Le livre foisonne de personnages secondaires complexes et attachants, telle Luna Lovegood, qui fait ici son apparition, ou l?affreuse Umbridge («Ombrage» en français), le nouveau professeur de défense contre les forces du mal, pleine de méchanceté perverse.

TOUTE LA SAGA EST DÉJÀ ÉCRITEM

«On peut regretter le style d?écriture des tomes précédents et la plus grande légèreté des personnages, concède Jean-François Ménard, c?est une affaire d?appréciation personnelle. Ce qui moi me frappe, c?est la continuité. Harry Potter n?est pas une série de livres. C?est un roman. Un roman immense en sept épisodes et 6 700 pages...» On n?en dira pas plus sur le contenu.

Exceptionnellement en juin, J.K. Rowling avait consenti à donner deux interviews, l?une au Times, l?autre au journaliste de la BBC Jeremy Paxman. Dans cette dernière, l?auteur la plus secrète d?Angleterre faisait quelques confidences. Non, elle n?avait jamais songé à devenir

célèbre : «Pour moi, être un écrivain célèbre, c?était être comme Jane Austen.» C?était savourer le luxe de «pouvoir rester chez soi pour écrire», mais certainement pas surprendre des gens en train de «fureter dans vos poubelles» ni être traquée «sur une plage au téléobjectif».

Est-elle, comme on l?a dit, plus riche que la reine d?Angleterre ? Elle dit ne pas connaître le montant de sa fortune, mais ressentir une «culpabilité» profonde à l?idée de tout cet argent - d?où ses nombreuses actions caritatives. Elle confie aussi avoir «pleuré dans sa cuisine» après avoir fait mourir le fameux personnage du tome V. Mais elle n?avait pas le choix : «Un auteur pour la jeunesse doit aussi pouvoir être un tueur impitoyable.»

D?ailleurs, depuis le début - ce jour des années 1990 où, dans un train qui avait du retard, elle s?est mise à griffonner le canevas de l?histoire qui allait faire d?une mère célibataire et pauvre d?Edimbourg, une Cendrillon de la littérature de jeunesse -, elle sait exactement où elle va avec Harry Potter. Elle a déjà écrit le dernier chapitre du volume VII, qui doit clore la série, et qu?elle a caché dans un endroit connu d?elle seule.

Comment cette saga se terminera-t-elle ? J. K. Rowling laisse entendre qu?il n?est pas sûr qu?Harry soit encore en vie après ces milliers de pages. Elle ne dit pas non plus qu?il sera mort. Comme tout auteur omniscient, elle ménage le suspense. Et sourit des supputations autour des futurs développements de son oeuvre.


En chiffres

La saga littéraire la plus lue au monde

200 millions : nombre d?exemplaires vendus des quatre premiers tomes d?Harry Potter dans le monde.

80 livres par seconde ont été achetés en moyenne aux Etats-Unis lors de la sortie du tome V. Soit 1 million d?exemplaires en 48 heures chez le distributeur, Barnes & Noble.

Un million : nombre d?exemplaires mis en place en France pour la sortie du tome V.

55 : nombre de pays où Harry Potter est traduit.

60 : nombre de langues dans lesquelles il a été traduit.

255 000 : nombre de mots de la version anglaise du tome V

Le Monde 2003 - distribué par The N. Y. Times Syndicate


Sobre lancement à Maurice

Enfin arrivées à Maurice, les dernières aventures de Harry Potter en français ! Intitulé Harry Potter et l?Ordre du Phénix, ce cinquième volet de la série est sur les rayons de nos librairies depuis le mercredi 3 décembre.

Seul petit hic, cette ?uvre semble susciter un peu moins d?enthousiasme, dans le public, que la version anglaise à son arrivée chez nous en juin dernier.

Une grande librairie de la capitale a reçu un stock de cent livres. Des réservations y avaient été faites depuis des mois par les passionnés d?Harry Potter. «L?engouement est moins fort que pour la version anglaise » laisse entendre le responsable, «mais nous espérons néanmoins écouler ce stock jusqu?à la fin de décembre. »

Aux Editions Le Printemps à Vacoas, c?est pratiquement la même histoire. Beaucoup de clients ont réservé à l?avance mais seule une quinzaine d?exemplaires a déjà trouvé preneur jusqu?à aujourd?hui. «Beaucoup de lecteurs préfèrent l?anglais. De plus, la version originale était moins chère que celle en français » fait-on ressortir.

A titre comparatif, le même livre en anglais coûtait Rs 550 à sa sortie alors que la version française est disponible à partir de Rs 799. Sauf chez Le Trèfle où elle est mise en vente à Rs 895.

Pourquoi un tel écart ? La responsable du Trèfle assure que le livre coûte 33 euros chez Gallimard, France et qu?elle a du mal à comprendre le pricing des autres librairies.

Comme chez ses concurrents, même si la vente n?atteint pas des sommets, elle n?est pas négligeable. «Beaucoup de parents achètent le livre pour

l?offrir en cadeau aux enfants. En outre, il y a même des personnes âgées qui sont venues acheter le livre pour elles-mêmes » fait remarquer la responsable de la librairie curepipienne.

La librairie du Cygne a passé une commande de cent exemplaires mais n?en a reçu que cinquante. « Nous avons une vingtaine de clients qui ont réservé depuis des mois » déclare-t-on « mais nous avons remarqué que la version anglaise a fait plus fureur ».

Même constat au Bookcourt du Caudan ! Le gérant explique que «comme la version anglaise est l?originale, elle a attiré beaucoup plus de lecteurs et, de plus, le lancement avait été fait avec plus de faste. La version française n?est qu?une simple traduction ! » Toutefois que les mordus du petit apprenti-sorcier se rassurent ! Ce cher Harry n?a pas perdu la main ! Sa magie, qu?elle soit en anglais ou en français, ensorcelle toujours, autant, jeunes et moins jeunes.