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Affaire Gro Derek: L’imam Beeharry lève le voile sur le financement de l’importation d’héroïne

8 septembre 2012, 00:00

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Affaire Gro Derek: L’imam Beeharry lève le voile sur le financement de l’importation d’héroïne

Il aurait exprimé ses «regrets» devant les enquêteurs de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU). Arrêté dans le cadre de l’affaire Gro Derek, l’imam Moossa Beeharry (photo) a donné sa déposition le vendredi 7 septembre, en présence de ses trois hommes de loi, Mes Shaukat Oozeer, Hisham Oozeer et Tawfeek Joomaye. L’homme religieux de 49 ans est passé aux aveux quant à sa participation dans le réseau de drogue opérant à partir de la Prison centrale de Beau-Bassin.

Pendant trois heures, l’imam a expliqué à l’inspecteur Assaad Rujub comment il s’est retrouvé mêlé à cette affaire. Il a indiqué que tout a commencé quand il a été approché par un prisonnier mauricien, alors qu’il officiait en tant que religieux à la Prison centrale.

L’imam Beeharry, confronté aux accusations de Seewoosing Dayal, a admis que ce dernier lui remettait de l’argent avant qu’il ne quitte le pays pour l’étranger. L’homme religieux a fait ressortir que Seewoosing Dayal lui avait remis la somme de 12 000 euros (Rs 480 000). Cet argent, l’imam Beeharry dit l’avoir remis à une certaine «Princesse», en présence d’autres membres de sa famille.


Cette femme serait, selon lui, la fille d’un prisonnier africain incarcéré à la Prison centrale. C’est le prisonnier mauricien qui aurait présenté ce dernier à l’imam. Comme «récompense» pour cette «mission», Moossa Beeharry affirme avoir reçu Rs 80 000.

La première partie de sa déposition a pris fin aux alentours de 18 h 30. L’imam Beeharry sera entendu une nouvelle fois au début de la semaine prochaine. Il devrait alors revenir sur ses autres voyages sur le continent africain. En attendant, il a été reconduit au centre de détention de Moka.


Le trafic de Gro Derek

Il opérerait dans l’ombre. Bien à l’abri dans sa cellule, à la Prison centrale de Beau-Bassin. Les limiers de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) soupçonnent un détenu, considéré comme le «roi» du trafic de drogue local, d’être le cerveau du réseau de Gro Derek. Le «roi», ainsi que son lieutenant, ont été transférés à la prison de haute sécurité de Phoenix, cette semaine. Retour sur l’itinéraire de ce narcotrafiquant…

Né dans la région de Les Salines, à Port-Louis, le «roi» a connu une enfance difficile. Ayant arrêté l’école à l’âge de 10 ans, c’est en travaillant dans une usine qu’il gagne sa vie. Quelques années plus tard, à l’adolescence, il prend de l’emploi dans un magasin à proximité du marché central. Et c’est à cette époque qu’il commet son premier délit de drogue. Arrêté, il est condamné à six ans de prison. Dans son voisinage proche, on affirme que c’est à partir de là qu’il a noué des contacts avec des dealers.

La mère du narcotrafiquant, âgée de 73 ans, souligne d’emblée que son fils «pa ti move». Il était comme tous les jeunes de son âge : il prenait une bière de temps en temps et jouait aux cartes avec les voisins. Condamné pour trafic de drogue, il y a une dizaine d’années, c’est en prison, où il purge encore sa peine, que le «roi» aurait fait la connaissance de son lieutenant. Ce dernier, un passeur africain arrêté dans les années 90, aurait utilisé ses contacts sur le continent noir pour faciliter l’importation de l’héroïne. La drogue aurait alors été confiée au réseau du «prince», Rudolf Dereck Jean-Jacques, dit Gro Derek, qui gérait les affaires du «roi».

Mais, selon sa mère, ce dernier ne se drogue pas et n’est pas impliqué dans ce trafic. D’ailleurs, dit-elle, «sa Gro Derek la, zame mo fi nn tann li». La dernière fois qu’elle a rendu visite à son fils, c’était il y a trois mois. Il était prévu qu’elle aille le voir à la Prison centrale hier, mais son transfert à la prison de La Bastille a changé ses plans. C’est l’homme de confiance présumé de Gro Derek, Seewoosing Dayal, qui a révélé les dessous de ce trafic à la police. Son arrestation, le 12 juillet dernier, a permis la saisie de 12 kg d’héroïne, d’une valeur marchande de Rs 180 millions.

Lors de ses interrogatoires, Seewoosing Dayal a fait une série de révélations, qui ont mené à d’autres arrestations. Parmi, celle de Moossa Beeharry, l’imam qui officiait à la Prison centrale de Beau-Bassin.