Publicité

Xavier fait encore rêver les PME

26 octobre 2011, 13:57

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, a réussi à dérider l’atmosphère tendue de ces dernières semaines. Cela, grâce à une déclaration qu’on pourrait juger hallucinante si on n’avait pas un peu le sens de l’humour. «Je présenterais un budget responsable», a-t-il déclaré lors d’un congrès du PMSD dimanche dernier. Ouf, on l’a échappé belle, dites donc.

Plus sérieusement, cette déclaration signifie sans doute qu’il n’y aura pas de budget électoraliste. Au menu des priorités du nouveau ministre qui présentera son budget le 4 novembre figurent la relance de l’investissement, des exportations, le social et le «revival» du secteur des petites et moyennes entreprises (PME).

Pour ce qui est de la relance de l’investissement, il faudra s’attaquer aux contradictions systémiques, harmoniser la fiscalité et combattre la bureaucratie. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a dit souhaiter un meilleur dialogue entre le privé et le gouvernement. C’est ce qu’il a déclaré lors de l’inauguration du «shopping mall» de Bagatelle du groupe Espitalier-Noël. Tout un symbole.

Pour ce qui est des exportations, le problème de Xavier Duval sera de convaincre Rundheersing Bheenick, gouverneur de la Banque de Maurice, d’assouplir sa raideur cadavérique sur la politique monétaire. Bonne chance !

Quant à faire de l’île Maurice un plaisir pour les petits entrepreneurs, il y a un vaste chantier qui attend le ministre des Finances. Disons-le tout de suite, personne n’est satisfait des multiples plans d’aide créés pour les PME, à commencer par les principaux concernés et même le «Joint Economic Council» (JEC), qui fait un constat d’échec à ce sujet dans son mémoire pré-budgétaire.

Pour donner une idée de l’ampleur de la tâche de ceux qui souhaitent s’attaquer à ce dossier, commençons par dire que même les statistiques fi ables sur ce secteur n’existent pas. Pour «Statistics Mauritius», une PME est une micro-entreprise employant moins de 10 personnes. Pour la «Small and Medium Enterprise Development Authority» (SMEDA), une PME est une entreprise qui brasse un chiffre d’affaires de moins de Rs 10 millions par an.

Avec sa definition basée sur le nombre d’employés, «Statistics Mauritius» arrive au chiffre impressionnant de 90 000 PME opérant à Maurice. La SMEDA, elle, n’a pas de chiffres. D’autres sources estiment le nombre d’emplois entre 50 000 et 60 000. De toute façon, les PME sont bien un secteur clé pour l’emploi et l’«empowerment» économique.

Ce serait sans doute rabâcher que de formuler à nouveau les défauts identifiés dans ces différents plans d’aide. Ils ont été déjà largement disséqués. C’est surtout au niveau du soutien financier et des appoints techniques que le bât blesse. Les institutions financières ont un problème, soutient le JEC. Et celles-ci rétorquent qu’elles ne font qu’appliquer les normes prudentielles standards. Deuxièmement, au niveau des membres du personnel technique de soutien («consultancy») mis à la disposition des PME, ces derniers se lassent vite de ces petits boulots car ils ne peuvent pas facturer une PME comme une grande entreprise. Troisièmement, faire des PME des exportateurs vers la région est un vieux rêve que l’on nous vend depuis des décennies. Même avec la COI, le COMESA ou la SADC, des problèmes d’accès aux marchés paraissent insurmontables pour une PME. Il y a un manque de différentiation au niveau des produits, et les interlocuteurs sont invariablement les mêmes dans les foires commerciales régionales. Sans compter le problème de la corruption. Comme dirait l’autre : «Aret rever camarade !»