Publicité

Wait and see

5 juillet 2009, 09:08

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le Premier ministre l’a réaffirmévendredi soir. 2009 reste l’année de l’économie. Pour les élections générales, il faudra repasser en 2010. Navin Ramgoolam est peut-être convaincude ce qu’il avance. Toutefois, le patron rouge ne saurait nier que la politique est faite de vérités successives. C’est pour cette raison que nous pensons que son affirmation ne doit pas être perçue comme parole d’évangile. Ramgoolam et ses conseillers guettent. Le Premier ministre dissoudra l’Assemblée nationale s’il est convaincu de remporter des élections générales  organisées d’ici décembre. En attendant de prendre cette décision, Ramgoolam poursuit une stratégie cohérente.

Les sondages favorables ne sont qu’un élément du puzzle politique. Aussi, le Premier ministre ne semble pas accorder d’importance démesurée à cette photographie de sa popularité… et de la débandade de l’opposition. C’est une question de positionnement. Politiquement, Ramgoolam se doit d’asseoir davantage sa marque – celui d’un homme au dessus de la mêlée. Qui gouverne, fait avancer ses projets gouvernementaux et redresse l’économie. Tandis, qu’en face, l’opposition divisée est réduite au rôle de vulgaire prétendant au pouvoir. Cet espace lui permet de se donner du temps pour faire autre chose. C’est pour cet « autre chose » que Dan Callikan a été appelé à la télévision nationale. Ramgoolam rentre dans une phase cruciale de son mandat. Celle où il lui faut établir et défendre le bilan du gouvernement. Or, la télé maladroite et propagandiste de Bijaye Madhou avait complètement brouillé le message. L’accent démesuré accordé aux ministres avait non seulement écoeuré l’essentiel des téléspectateurs mais aussi relégué au second plan l’action d’ensemble de
l’équipe de Ramgoolam. Du coup, ce n’est pas par hasard qu’à la MBC on dit rentrer dans la période « Put projects first, not ministers first. »

Ramgoolam réalise là l’importance de pallier une faiblesse fondamentale de son gouvernement : le manque de ministres compétents et charismatiques. En effet, en dehors des Duval, Sithanen, Boolell… peut-être Valayden, le gouvernement Ramgoolam ne recèle que peu de monde pouvant défendre leurs dossiers et bilans avec verve. Amener des Gowressoo, Tang, Dulull ou Hookoom à faire la même chose aurait pris trop de temps. C’est donc à la MBC qu’il échoit désormais – non plus de diffuser les va-et-vient des ministres – mais d’expliquer, enfin, ce qu’ils font concrètement à l’échelle régionale et nationale.

Pour être efficace, cet exercice de communication doit pouvoir s’étaler sur plusieurs mois. Il sera aussi probablement jalonné de départs de quelques personnalités  controversées qui sévissent en ce moment même à la tête de plusieurs institutions publiques. C’est un plan global qui obéit à un impératif simple : montrer que le gouvernement travaille, prend des décisions courageuses tout en fournissant régulièrement des preuves tangibles de son bilan. Pendant que Ramgoolam vaquera à ces occupations-là, il sera grandement aidé par l’opposition léthargique. Le MSM continuera à rêver de retrouver le pouvoir à la faveur d’une alliance avec le PTr. Tandis que le MMM, dans un ultime baroud d’honneur, maintiendra son cap vers la bataille à trois qu’il souhaite.

A moins que… les vérités de juillet 2009 changent drastiquement. Que le MSM et le MMM amorcent un rapprochement fulgurant. Que la situation économique se détériore considérablement et fasse perdre à Ramgoolam et son équipe cette aura qui aura été patiemment concoctée par Callikan et sa télévision. A moins enfin que
Ramgoolam fasse mentir sa réputation d’attentiste maladif en décidant pour une fois de ne plus laisser traîner les choses. Et d’organiser les élections dès fin 2009 sur des bases connues, plutôt que de tirer des plans sur une comète politique dont la trajectoire n’est jamais vraiment prévisible.

Rabin BHUJUN