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Verbatim de la semaine

1 avril 2012, 00:00

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Cocace. « nou ava lans enn alert ‘‘pluies torrentielles’’ si neseser pou ki dimoun pa inconvéniencé ek sa letan-la.» A la radio, en début de semaine, une prévisionniste de la station météo de Vacoas a gratifié les auditeurs d’un joli barbarisme anglo-français... et en kreol siouple ! Aucune moquerie. Plutôt l’appréciation d’une langue qui n’en finit pas de s’inventer et se réinventer, où tout ou presque est permis, même au stade de la formalisation. Madame la prévisionniste n’a pas inconvéniencé les oreilles des auditeurs, elle s’est fait comprendre, c’est l’essentiel. Et elle prouve par la même occasion que le kreol est une langue vivante et savoureuse.

Déconcertant. « Les gens ne signent pas la pétition de la Maison Blanche []l’obligeant à répondre aux Chagossiens] parce qu’ils n’ont pas d’ordinateur.» C’est l’explication d’un commentateur sur une radio privée relayée sur Facebook par un ancien collègue. Et ce dernier, de tacler durement mais non sans justesse : « Pour info, il y a plus de 300 000 profils mauriciens sur Facebook et ils trouvent ça comme excuse. Soyez lucide les gens ne signent pas parce qu’ils s’en f***** !!!! » La campagne conjointe du Chagos Refugees Group et de l’ONG SPEAK pour recueillir 25 000 signatures à leur pétition sur le site de la Maison Blanche (https://wh.gov/Xbb) jusqu’au 4 avril ne suscite en effet ni l’engouement ni la solidarité escomptés. Au 29 mars, il n’y avait que 7015 pétitionnaires. Autant dire que l’objectif du 4 avril relève de la gageure. Pourtant, ça ne demande que trois petites minutes. En ce dimanche, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Affligeant. « Tu fais du business en Afrique ?!? Là où y a pas d’eau, avec tous ces sidéens ? En plus y a la guerre, les gens sont en famine (sic), ils sont pauvres. C’est horrrrrible ! Jamais j’irai moi. » Cette abominable litanie conjuguée au présent de vérité générale par une jeune Mauricienne attablée à la terrasse d’un café à Grand-Baie est confortée, sans doute avec de malicieuses intentions, par son interlocuteur. Ce dernier, un Européen, trentenaire sur la fin au visage rougi par le soleil, répond dans un soupir de champion : « C’est l’aventure, ouais mais on s’y fait. » Livingstone à côté c’est un enfant de choeur. Sans nier les problèmes et les défi s continentaux, il n’y a pas une mais cinquante-quatre réalités africaines, dont la nôtre. L’Afrique qui réussit, qui gagne, qui innove, on ne la montre que trop peu. Si bien que nous, médias, avons aussi une part de responsabilité dans la série de clichés étalés par notre jeune compatriote.

Affligeant donc, à plus d’un titre. Clairvoyant. « Trop de centres commerciaux risquent de ne pas être durables. » Nicolas Maigrot, CEO d’IBL qui détient les supermarchés de proximité Winner’s, tire à vue sur ses concurrents qui ont opté pour les grands complexes mariant supermarchés et food courts aux luxueuses enseignes (l’express du 28 mars). En effet, sur dix kilomètres, de Phoenix à Bagatelle, on en compte au moins cinq au succès inégal, auxquels il faut ajouter les supermarchés des villes. Ce qui fait beaucoup, même dans ce carré d’or qui table sur l’aire de chalandise la plus riche et la plus densément peuplée. Mais les offres correspondent-elles vraiment à la réalité du portefeuille ? L’engouement des débuts tiendra-t-il dans le temps ? Il est permis d’en douter.

Lucide. « Les développements de projets immobiliers dans notre pays sont alarmants. » Le propos de Daniel Poupinel de Valencé, directeur de RE/MAX, dans le dernier numéro de Business Mag, témoigne des limites de la valorisation foncière par l’immobilier de luxe. Les investissements directs étrangers engrangés cacheront mal les difficultés des opérateurs. Le paysage immobilier tend vers les logements de standing inaccessibles pour la plupart des Mauriciens. Plutôt que de chercher à loger surtout les hauts revenus, il serait temps de revoir la stratégie immobilière pour qu’elle profite à tous. Aucune étude complète n’a été menée pour le moment sur l’impact réel des IRS, RES et autres projets classieux. Or, on imagine bien que les conséquences économiques et sociales ne sont pas que bénéfiques.