Publicité
Vaincre la peur
Histoire véridique.
Imaginez un paysage champêtre, un dimanche après-midi, sous un beau soleil de fin d’été. Une famille, le père, la mère et le benjamin des enfants pour une petite promenade dans la voiture neuve de l’épouse que son mari voulait essayer. Une famille sans histoire.
C’était du côté de Midlands, à gauche après avoir emprunté une bretelle de l’autoroute du Sud. A un moment donné, on passe devant le poste de police, qui, lors de sa construction, selon certaines allégations, aurait été utilisé pour extirper des aveux de la manière forte.
Au détour d’un virage, cette famille de citoyens ordinaires tombe sur deux policiers. Le plus âgé leur fait signe de s’arrêter d’un geste péremptoire. Le père se gare sur le bas côté. En soupirant, il est vrai…
Il leur annonce que c’est pour vérifier l’état de la voiture. «Mais elle est neuve…», murmure l’épouse. Un peu désarçonné par cette évidence, il réclame d’un ton autoritaire le permis de conduire du mari. Evidemment, tout est en règle. Il fait signe de redémarrer.
C’est le genre d’incident qu’il vaut mieux ignorer pour ne pas gâcher son dimanche.
Abus d’autorité ? Tentative de se donner un rôle social ? Manière de faire valoir le prestige de l’uniforme ?
Mardi soir, Canal + a diffusé un excellent documentaire, La stratégie du choc, basé sur un livre de Naomi Klein publié en 2007, dont le titre original est très parlant : The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism.
En substance, la journaliste canadienne démontre qu’après chaque choc sociétal, les citoyens se retrouvent infantilisés et suivent aveuglément leurs leaders politiques. Ces derniers en profitent alors pour mettre à exécution des «réformes» politiques et économiques pour asseoir leur domination.
Très souvent, au bénéfice de leurs alliés.
Dans certains pays, on assiste alors à une sécurisation où les forces de l’ordre - police, armée, vigiles privés - sont investis d’un surcroît d’autorité et, en conséquence, accroissent immanquablement leur visibilité. Et le citoyen ordinaire finit par se sentir rassuré par la vue de l’uniforme.
Une étude psychosociologique de Maurice pourrait évaluer la pertinence des théories de Naomi Klein. Pour les avantages aux alliés, on n’a que le choix, avec le nombre de scandales qui s’accumulent.
Mais il s’agira surtout de retrouver dans notre passé le traumatisme social qui depuis des décennies tend à faire de nous des moutons qui, par déni des réalités, finissent par avaler les plus grosses couleuvres que les puissants nous offrent.
Quoique la présence de 2 000 personnes à la manifestation de la Confédération syndicale de gauche samedi dernier nous donne des raisons d’espérer.
Publicité
Les plus récents