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Une histoire de hub

27 février 2014, 12:09

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Une équipe d’universitaires du Royaume-Uni sera invitée à entreprendre un audit portant sur la qualité de tous les établissements d’enseignement supérieur à Maurice. Ainsi en a décidé le Conseil des ministres, vendredi dernier. Il était temps !

 

Cette décision devrait nous interpeller. Car elle apporte une nouvelle preuve, du moins s’il en fallait une, du mal profond qui ronge, depuis un certain temps déjà, le secteur de l’éducation tertiaire à Maurice.

 

Avec des scandales à répétition, ce qui se passe au sein de notre Knowledge hub devrait nous pousser à une réflexion plus large sur notre stratégie de hub. Il ne se passe pas une semaine sans que les locataires de l’Hôtel du Gouvernement ne viennent, au moyen d’un discours, nous rappeler leur intention de positionner un secteur d’activité, lorsque ce n’est pas le pays tout entier, comme un hub dans cette partie du monde.

 

C’est ainsi que nous avons eu droit, dans le sillage du Seafood hub, à des annonces portant sur la création d’un Medical hub, d’un ICT hub, d’un Knowledge hub, d’un Aviation hub, d’un Petroleum hub, d’un Financial Services hub, d’un Logistics hub et d’un Regional hub, entre autres. La liste est longue. Pourtant, nous n’arrivons toujours pas à émuler Singapour qui est, sans l’ombre d’un doute, une véritable référence en la matière. Faute d’y parvenir, nos dirigeants ont trouvé le moyen de nous vendre des slogans à chaque fois qu’ils inaugurent une nouvelle initiative.

 

Or, les événements qui secouent le secteur de l’enseignement supérieur pour ne pas dire le Knowledge hub démontrent que, bien souvent, les annonces ne reposent sur aucune stratégie et encore moins sur une vision à long terme.

 

Dans le cadre du projet de Knowledge hub, par exemple, Maurice se voyait comme un centre du savoir accueillant des étudiants en provenance des quatre coins du continent africain. L’idée était d’attirer un certain nombre de prestataires internationaux dans le domaine de l’enseignement supérieur en vue de positionner le pays comme une destination incontournable dans ce domaine. Ce rêve semble, toutefois, virer de plus en plus au cauchemar pour bon nombre d’étudiants mauriciens et étrangers. Les cas rapportés quotidiennement dans la presse en témoignent.

 

Cette situation qui ternit l’image du pays pourrait s’expliquer par le fait que trop souvent à Maurice, les décisions sont prises au petit bonheur. Et cela à différents échelons. Ce n’est pas nous qui le disons, mais le directeur de l’Audit qui, en diverses occasions, a relevé dans ses rapports un manque « of orderly planning in the formulation of appropriate policy measures…» Ajouter à cela un manque de coordination et vous aurez un cocktail explosif d’incohérences.

 

C’est donc en amont que la réflexion devrait se faire afin d’imposer des normes et des standards des plus élevés pour éviter de se retrouver piéger comme un lapin devant un chasseur. Comme c’est le cas actuellement avec la menace qui pèse sur tout un secteur d’activité en raison d’un manque de planification et de rigueur.

 

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs avec les autres projets de hubs comme l’Aviation hub, par exemple, il est important de comprendre qu’il ne suffit pas de l’annoncer ou encore de moderniser son aéroport pour que cela se réalise. Se positionner comme un Aviation hub exige une vision formulée sur la base d’une réflexion stratégique tenant compte de tous les aspects ainsi que les obstacles possibles à sa concrétisation. Dans ce cas précis, nous pensons à l’absence d’une politique d’accès aérien. Le fait est que nous aurons beau avoir les infrastructures les plus modernes dans cette partie de l’océan Indien, mais elles ne seront d’aucune utilité si nous n’arrivons toujours pas à convaincre un plus grand nombre de lignes aériennes à atterrir à Plaisance.

 

La même logique s’applique aux autres hubs en gestation. Nous ne cesserons de le dire : Maurice a grand besoin d’une feuille de route définissant clairement ses ambitions de même que les différentes étapes qui nous porteront vers ce statut de High Income Economy dont on nous vante les mérites.