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Une grève de trop

20 février 2010, 10:20

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Le Père Henri Souchon a-t-il eu raison d’interdire l’accès du parvis de l’église de l’Immaculée Conception ou la cour du Centre Social aux planteurs de Riche-Terre ? Ceux-la interdits par la municipalité de Port-Louis d’occuper la place de la cathédrale avaient compté sur l’accueil chaleureux de l’église a la rue St. Georges. Mais l’abbé Souchon, qui n’a pas la réputation d’être insensible au sort des miséreux, a cette fois-ci opposé une farouche résistance a ce mouvement aux motifs que les grévistes de la faim perturberaient les catholiques en Carême et les jeunes qui habituellement jouent au foot dans la cour du Centre Social de Marie Reine de la Paix.

Même Jean-Maurice Labour qui, après la grève de Jayen Chellum et pendant celle de Mario Darga, avait estimé que la Cathédrale Saint Louis était susceptible de devenir ‘la plateforme des droits de l’homme’ a fait marche-arrière après l’injonction municipale.

Privés de ce soutien, qui n’avait pas fait défaut a leurs prédescesseurs, les planteurs de Riche-Terre ont avorté leur grève jeudi en attendant de trouver un endroit plus accueillant et plus propice a leur action. Vendredi matin, ils ont planté leur tente en plein coeur de la circonscription du Premier ministre.

Les revendications des planteurs de Riche-Terre sont peut-être légitimes. Ce n’est pas notre propos aujourd’hui. S’ils estiment que tel est le cas et que toutes les avenues de négociations avec les pouvoirs publics ont été bloquées, c’est leur droit d’avoir recours a l’arme extrême.

Toutefois, il n’est pas interdit de penser que trois grèves de la faim coup sur coup est susceptible de banaliser ce type de recours qui, habituellement, est le dernier quand tout a été préalablement tenté. Et l’on est en droit de se demander si cette 3ème édition n’est pas une de trop. Ce qui expliquerait le refus municipal, la prise de distance de l’Eglise et la lassitude de l’opinion publique et bientôt celle, prévisible, des medias.

Le contentieux des planteurs de Riche-Terre n’est pas avec les autorités chinoises. Ils réclament une compensation pour leur déplacement de Riche-Terre. Il appartient au gouvernement d’appréhender ce mouvement et d’y mettre un terme en ouvrant la voie du dialogue ou en donnant des signes visibles qu’une solution peut-être trouvée pour sortir de cette impasse avant qu’il ne soit trop tard.

De toute évidence, le gouvernement est quelque peu coincé. Après avoir donné satisfaction a Jayen Chellum, a Mario Darga, comment pourra-t-il rester insensible au sort de quelques petits planteurs? 

Un gouvernement est extrêmement vulnérable en situation de campagne électorale. Cette troisième grève de la faim en est l’illustration.