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Tropismes contemporains

1 mars 2011, 08:07

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A lire les médias occidentaux, on aurait l’impression que ce qui se passe dans certains pays arabes du Moyen-Orient n’est que l’expression d’un désir de «liberté» dans le sens qu’ils l’entendent. Cette tentative de récupération d’une révolution qui transcende la simple contestation des régimes en place rend compte d’un travers propre au monde occidental. De quel monde le monde occidental veut-il ? Simplement d’un monde à son image. Soit sous couvert de démocratie sans voile islamique ou encore sans saris.

Or, ce n’est pas ce monde occidental qui va réinventer une colère. Cette colère, c’est celle de la misère. C’est celle des gens qui pâtissent dans la misère malgré les diplômes.

C’est ce que nous, une majorité de Mauriciens, ne comprendrons pas. C’est qu’il y a tant de gens qui ont des difficultés à se nourrir quotidiennement. Heureusement pour nos politiques, il n’y aura pas de révolution à Mauritius. «Blind we have decided to be or rather to see only through our dear Navinchandra’s rose-tinted glasses – a vision of paradise Mauritius.» C’est ainsi qu’on ne cesse de célébrer dans ce pays le fait d’être hindou, musulman et catholique. Hindou, le pays t’appartient. Maha Shivaharatree te donne tous les droits. Musulman, le pays t’appartient. Célèbre de manière fastueuse ton Yaum Un Nabi. Catholique, le pays t’appartient.

Pèlerinage du Père Laval, ton tour viendra. Pourquoi alors cette impression que, dans ce pays qu’est Maurice, il y a une croyance qui ne rime pas avec Krishna, Allah et Jésus ?

Nous avons fait d’autres choix. Nous avons nos ministres des cultes. On élit certains candidats uniquement pour qu’ils s’occupent de Maha Shivaharatree, du Hadj ou du pèlerinage du Père Laval. Nous avons fait le choix de prendre en certaines occasions le pays en otage au nom de la religion. Nous avons fait le choix de mettre en scène tout le long de l’année notre grand pharisaïsme.

Or, il y a un autre monde qui est possible.

L’exemple nous vient de Libye, d’Algérie, du Maroc… Un peu de liberté. Ni de l’islamisme, ni du désir d’occidentalisme. Il faut, cependant, être lucide. Ce qui se passe au Moyen-Orient pourrait n’être qu’un épiphénomène parce qu’il ne faut pas croire que le monde va changer à partir de quelques révolutions.

Le monde change lorsque les crises bancaires, complètement orchestrées et artificielles, viennent bousculer notre quotidien.

C’est dans ce monde des artifices que nous vivons. Le pire, c’est que nous ne cessons pas de nous mentir. Aujourd’hui, par exemple, être stressé, c’est être un grand professionnel. Si, en outre, on suit une thérapie, on devient un être exceptionnel. Plus on passe à côté de sa vie, plus on est un modèle de réussite !