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Triste départ

11 janvier 2012, 10:26

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Aussi spectaculaire que prévisible. C’est ce qu’on peut dire de la démission du vice-chancelier de l’université de Maurice (UoM). Elle devrait déboucher sur une prise de conscience du déclin des institutions nationales.

Cela, au moins, fera du bien au pays.

Pendant longtemps, le n° 1 de l’UoM a essayé de faire face aux difficultés causées par l’ingérence des politiciens. Puis, hier, il a jeté l’éponge.

Son départ ne devrait pas nous surprendre car un intellectuel de sa trempe ne pouvait opérer plus longtemps dans un système aussi miné que le nôtre. Ce n’est pas facile pour un homme intègre de travailler dans un pays où il faut toujours se soumettre au diktat des politiciens.

L’ingérence politique est omniprésente à Maurice. Tantôt elle s’exerce en faveur d’un marchand de «briani», tantôt elle conditionne les recrutements dans les organismes parapublics.

Le Pr Konrad Morgan n’a pas toléré que la majorité politique se mêle des affaires de l’université.

Il a d’abord cherché à combattre le mal, mais il a finalement compris qu’un homme seul ne pouvait avoir les ressources nécessaires pour contrer l’appareil d’Etat.

A des degrés divers, l’ingérence des pouvoirs politiques relève du mode de vie des institutions nationales. Le mal est plus profond à la MBC qu’à l’UoM, mais l’ensemble des institutions subissent l’hégémonie d’un pouvoir qui s’acharne à tout contrôler. Certains mandarins se contentent de céder aux caprices des princes. D’autres, non.

Beaucoup de personnes sur le campus de Réduit étaient persuadées que Konrad Morgan pouvait y apporter du sang neuf et assumer les vraies missions de l’université : recherche et formation scientifique ou professionnelle. D’autant plus que la politisation de l’université de Technologie laisse peu d’espoir.

Il reste à l’UoM bien du chemin à parcourir.

Elle n’a jamais pu devenir un facteur du développement économique de la nation, comme l’avaient souhaité ses fondateurs. D’une part, elle n’a pu satisfaire la demande sociale d’enseignement supérieur qui est très forte. De l’autre, elle n’a pas su trouver les moyens de se transformer en pôle de recherche pour soutenir le développement du pays.

Alors, que faut-il faire maintenant ? Nommer le président d’une quelconque société ou fédération religieuse à la tête de l’université, peut-être.

 

Raj MEETARBHAN