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On a tout compris

10 mai 2011, 08:01

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Pour ceux qui n’ont toujours pas compris, le Premier ministre fera dans le mode de l’itératif. Le chef du gouvernement martèlera ses vérités jusqu’à ce que certains journalistes d’une presse indépendante, qui ne s’essuient pas les pieds devant la porte de son bureau pour être dans ses petits papiers, assimilent le fait qu’il ne badine plus quand il critique vertement ces journalistes. «Boukou mesaz monn done le premie me, me aparaman personn pann kompran okenn mesaz. Anfin, sertin zournalis mo bizin dir», lançait-il ainsi à l’occasion des célébrations officielles du centenaire de l’Arya Samaj de Port-Louis.

Que faut-il donc comprendre de ces allusions du Premier ministre? Sinon qu’une personne qui menace autant devra bien finir par agir. Dans quel sens? Cela, on ne le sait pas. Il y a, aujourd’hui, un divorce entre le chef de la majorité gouvernementale et une certaine presse qui n’est pas sain en démocratie. Une éventuelle dérive autoritariste est à craindre. Il y a aussi cette peur qui pourrait s’installer chez des journalistes qui orneront en fin de compte de roses leurs stylos avant d’écrire sur le gouvernement et son sacrosaint chef. C’est ce climat de peur qu’il faut, désormais, combattre.

Cela dit, il ne faut pas se poser en victime. La presse mauricienne jouit d’une certaine liberté. Et elle remplit, tant bien que mal, son rôle de contre-pouvoir. Une des luttes qu’il lui reste à mener, c’est d’obtenir l’accès aux informations d’intérêt public. Jusqu’ici, elle est tributaire des «fuites» orchestrées par des personnes auprès desquelles le pouvoir en place n’est plus en odeur de sainteté. Les règles du jeu devraient changer. Il se passe trop de choses louches dans ce pays. Ouvrons le robinet des vérités. Que le Premier ministre, lui-même, ait le courage de faire voter des lois qui créeront, une bonne fois pour toutes, des fissures dans l’opacité qui entoure les affaires de l’Etat.

Que devrons-nous, enfin, comprendre? Qu’il nous faut pratiquer l’information en émulant la MBC ? Soit de «nettoyer» le discours du Premier ministre lorsqu’il critique la presse ou encore lorsqu’il s’en prend à ses sympathisants qui vont pique-niquer le 1er mai dans les bus que le Parti travailliste avait mis à leur disposition…

Nazim ESOOF