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Stratégie britannique : le financement du « Marine Protected Area se précise

8 mars 2011, 00:00

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Ceux qui croient que le gouvernement britannique va capituler devant la démarche du gouvernement mauricien auprès du tribunal du Droit de la Mer n’ont qu’à ouvrir leurs yeux à la lumière des appels de fonds, qu’il multiple sans vergogne, au nom de l’environnement et tout en écartant Maurice des débats et consultations en la matière.


 

 

 

 

 

 

Grand Hotel Park, Gstaad, Suisse (C’est ici que le sort du Marine Protected Area se décide).

Des représentants d’Ong¹ et d’autres organisations traitant de la question de l’environnement se sont rencontrés dans la station d’hiver huppée à Gstaad, fief des multimilliardaires de Suisse, le 22 février 2011.

Cet atelier² parrainé par le Bertarelli Foundation et le Blue Marine Foundation, avait pour but d’évaluer le besoin du parc marin dans l’archipel des Chagos. Les éminents experts ont discuté sur la manière dont cette réserve devrait être exploitée au nom de l’environnement. Des biologistes et scientifiques, portant probablement des visières, ont parlé que de l’environnement et le besoin impérieux de protéger cette partie du monde de toute exploitation.

Il faut dire que le gouvernement britannique met le paquet et enfonce le clou. Des organisations comme le «International Union for Conservation - IUCN» dont Maurice est membre, prête main forte à l’initiative britannique. Il faudra interpeller l’IUCN à cet effet. Cet arsenal d’organisations, de fondations et de groupes se voilent la face quant à la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos et le cas des Chagossiens. Pas un seul mot lors de cette rencontre sur le sort des Chagossiens et la présence militaire des Etats-Unis à Diego Garcia. Tout le monde semble être obnubilé par le fait qu’il faut sauver cette partie du monde exploitée pendant plus de 40 années. L’environnement est devenu un paravent salutaire pour Londres et au nom des océans, on noie les Chagossiens avec. Il ressort de la réunion de Gstaad que la réserve marine n’est pas un choix mais une nécessité. « Nos actions auront un impact direct sur comment les océans vont être pour nos enfants. C’est une responsabilité sociale d’attirer l’attention et de mobiliser les ressources pour sauver les océans et protéger notre système de survie pour les futures générations.»

Que de bonnes intentions !. Résultat : une somme de 1.2 million de dollars récoltée au pied levé dans la cagnotte du « MPA » anglais le même jour. Des millions suivront car les anglais n’ont pas de fond pour gérer le MPA et sont obligés de faire la manche !.

Alors que faire ? N’en déplaise au Premier ministre qui nous demande de ne pas nous aventurer sur le dossier Chagos pendant que l’affaire est à l’examen du tribunal du droit de la mer et de faire montre du patriotisme, il est temps de bouger avant qu’il ne soit trop tard. Les Anglais, eux, ne dorment pas sur ce dossier. Maurice doit sérieusement essayer de convaincre immédiatement deux organisations de ne pas soutenir le «MPA» aveuglément. Il s’agit de l’IUCN et du WWF (World Wildlife Foundation). Deux grandes organisations qui ont un impact important dans le domaine de l’environnement au niveau mondial. C’est la raison pour laquelle une conférence à Maurice réunissant des organismes environnementaux et d’autres acteurs (Nations unies et autres) fera la contrebalance avec la stratégie britannique. Offrons une plateforme à ces organisations qui militent pour le MPA et saisissons l’occasion pour les rendre sensibles à l’histoire politique de la région. Des groupements scientifiques que le gouvernement britannique est en train de courtiser ne sont pas entièrement au courant du fait que des hommes ont été déracinés de ces îles. Une politique agressive de grande envergure coûte cher. Mais qui peut nous interdire de lever des fonds à travers des fondations et des sympathisants dans le monde ?

Je continue à penser qu’il faudra nous battre plus ardument sur la question des Chagos sur plusieurs fronts à la fois. Je reviens à l’idée de lancer le « Chagos Task Force » pour qu’on soit tous ensemble réunis sur une plate-forme pour mater un tsunami qui se prépare au niveau international avec le gouvernement britannique en ligne de mire. Il faut se rendre à l’évidence que Londres utilise les mêmes outils de domination coloniale qu’antan. Les mêmes actions pour produire les mêmes effets. L’objectif principal visant à galvaniser un support de toutes les instances internationales et non-gouvernementales pour faire prévaloir son sacro-saint désir de protéger le monde et ce, en mettant Diégo Garcia en pointillé sur la carte, va finalement être atteint grâce à de formidables mobilisations de fonds pour le MPA. On a affaire ici à de grosses pointures qui brassent des millions - des fondations fertiles, des Trust puissants et d’autres organisations angéliques qui œuvrent pour la justice et le droit humain ! Londres ratisse large. Cette stratégie britannique qui consiste à s’entourer des organisations sympathiques pour sauver la planète va s’exacerber dans les mois à venir. On continuera à organiser des «Wild cat meetings» et au même titre qu’on a partagé l’Afrique à la Conférence de Berlin, c’est à Gstaad qu’on accapare aujourd’hui des Océans !.

La résolution de l’Union africaine sur le Chagos même si elle n’est pas aussi forte, devrait être le levier pour mettre la question au cœur du débat aux Nations Unies en septembre. Ce qui revient à dire que déjà maintenant on aurait du adopter une stratégie et assurer une présence soutenue dans le couloir et dans des réunions des Nations Unies et ses agences spécialisées à Genève, comme à New York et à Washington. Et puis pourquoi garder au secret notre stratégie alors que l’occupant de notre territoire se moque de nous et poursuit leur chemin avec le dessein d’accaparer 500,000 kms de territoire à vie ? Des stratégies pour libérer la Libye, on en parle ouvertement et publiquement. Pourquoi entretenir le secret autour du Chagos ? La souveraineté de Maurice et la question chagossienne ne doivent plus être discutées que dans le secret de murs hermétiques de l’Hôtel du gouvernement. Nous devrions saisir toutes les instances internationales et attaquer de front cette politique infâme du gouvernement de Londres.

Gageons que la décision du BIOT d’autoriser les Chagossiens de visiter la région, à la fin du mois si elle se concrétise, serait qu’une mascarade car le fond du problème demeure. Comme quoi on nous donne l’autorisation de visiter notre maison mais pas pour y habiter. Si ce n’est qu’une consolation, il faudra pas oublier que la souveraineté de Maurice reste primordiale. Le retour des Chagossiens sous souveraineté mauricienne serait dès lors qu’une question de procédure administrative. Nous devrions penser à sérieusement nous armer pour ce combat. Les événements dans le nord de l’Afrique apportent de l’eau à notre moulin car l’affaire chagossienne est bien une violation du droit de l’homme et l’occupation britannique concerne notre souveraineté. C’est une domination révoltante. Si les pays européens soutiennent aujourd’hui les peuples de l’Afrique du Nord pour la démocratie pourquoi ne pas en faire autant pour le retour des Chagossiens, est-on tenté de demander à M. Cameron qui parle beaucoup ces jours-ci de droit humain et de la démocratie?. Comme le dit si bien Serge Halimi dans l’éditorial du Monde Diplomatique de février 2011, « L’Impossible arrive » mais ne faut-il pas provoquer l’événement ?.

venenparatian@hotmail.com

¹ Ces organismes, entre autres, étaient presents à la reunion du 22 février 2011 à Gstaad : International Union for Conservation, Fauna & Flora International, Fish 2 Fork, Zooloical Society of London, WWF, Pew Charitable Trust, Chagos Conservation Trust, Royal Society for the Protection of Birds, Changing Oceans, National History Museum, Misson Blue and the National Geographic Society.

²Voir le site : http://www.gstaadlife.com/2011/02/protection-of-the-oceans-congress-at-the-grand-hotel-park.html#comment-captcha