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Still prohibited

24 avril 2013, 15:01

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Le sujet n’est pas attrayant mais ça fait déjà quelque temps qu’il aurait fallu l’aborder. C’est une question d’hygiène publique, de niveau de développement aussi.

 

Au début des années 60, alors que nous n’avions pas encore la télévision et que l’Internet ne pouvait même pas être imaginé, les autorités coloniales utilisèrent les quelques moyens à leur disposition - affichage, slogans peints, radio - pour combattre une pratique réprouvée : le crachat. « Spitting is prohibited », pouvait-on lire dans divers espaces publics.

 

La campagne eut de l’effet, au bout de quelques années, elle ne fut plus nécessaire. Les progrès de l’éducation aidant, voire la crainte d’être socialement stigmatisé par ce geste, les Mauriciens cessèrent de cracher dans la rue. Une décennie plus tard, disons vers le début des années 80, l’indication d’hygiène devint si importante qu’il devint courant de voir, sur la plage arrière des voitures, trônant en son centre, une boîte de mouchoirs jetables. Cela soutint même toute une activité commerciale : on vit apparaître des gaines en laine et des boîtes en plastique enluminé pour revêtir l’emballage industriel. Avoir des mouchoirs dans sa voiture était un social statement.

 

Mais depuis quelques années le crachat est revenu. Partout, en ville, à la campagne, sur les plages, les promenades de santé, un nombre inquiétant de Mauriciens crachent. Face à certains comportements, nous sommes parfois tentés d’évaluer l’âge des personnes qui s’y livrent, étant plus indulgents envers les plus âgées. Mais, hélas, pour ce qui est du crachat dans l’espace public, sur les trottoirs, sur la chaussée, on voit aussi des jeunes se livrer à cette pratique, dont des collégiens en uniforme. Des personnes de 30, 40 ans également, certaines tenant un journal à la main, la plupart - pour ce que cela peut bien spécifier aujourd’hui - élégamment vêtues.

 

Plutôt que d’avoir à rappeler que spitting is prohibited, nos pouvoirs publics préféreraient sans doute faire une campagne de sensibilisation aux dangers du téléphone au volant ou pour encourager la prudence face aux offres financières trop avantageuses. Même ces risques et facteurs négatifs correspondraient davantage à l’image que nous souhaitons avoir de notre société. Plutôt que celle d’un pays du tiers-monde où l’on crache n’importe où. Et pourtant !