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Sinohydro : Le péril jaune qui menace Maurice ? (suite et fin)

10 juillet 2013, 11:28

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Lire la première partie de cette tribune

 

Le battage médiatique anti-Sinohydro a coïncidé avec la sortie, ces derniers jours, d’un pseudo-rapport visant à démontrer la concurrence déloyale des firmes de construction (pas étrangères mais) chinoises à Maurice. La montagne a accouché d’une souris et de ce qu’on a pu juger des morceaux délectables qui ont été refilés à la presse, ce manque de concurrence se résume à un avantage aux Chinois sur les règles régissant les occupational health and safety issues, les logements sommaires des travailleurs chinois et l’incapacité des ouvriers chinois de se syndiquer. La vacuité de ces conclusions est en elle-même une preuve irréfutable que si, comme le disent nos politiques, anguille sous roche il y avait, c’est ici que la roche aurait été soulevée pour mettre au grand jour tous les vices chinois cachés. Mais, que dalle !

 

 

Ce rapport, publié au milieu du battage parlementaire et médiatique, a pourtant été jugé si transcendant par le ministre des Finances, qui l’a vite rangé dans le placard sans le lire, qu’il a décidé de rehausser les domestic preferences pour les compagnies mauriciennes à 15 % au lieu des 5 % décidés en 2009. Seule la forte pression de la Banque Mondiale et d’autres bailleurs de fonds, qui connaissent la pertinence de la concurrence dans ce domaine, a pu empêcher les forces protectionnistes de faire exclure les compagnies étrangères des contrats entre Rs 100 et Rs 400 millions. Et pourtant, le président de la Building andCivil Engineering Contractors Associationqui a commandité ce rapport rétrograde et protectionniste, avoue que «beaucoup de compagnieslocales emploient des étrangers» ; de plus, ajoute-t-il, «les jeunes ne sont pas intéressés par le secteur à cause de l’absence de sécurité d’emploi».

 

 

C’est ce qu’a confirmé le ministre Mohamed lors du Job Fair à Roche-Bois. Le ministre a fait ressortir qu’il y avait 6 000 postes à prendre dans la construction et le responsable de Sinohydro a dit que son entreprise recherche «des ouvriers compétentsqui restent jusqu’à la fin du projet,qu’ils soient Chinois ou Mauriciens.Or, nous avons eu des cas où les travailleurs mauriciens ne sont pas restés plus d’un mois». Tout ceci souligne que toutes les démarches protectionnistes dans ce domaine visent une marge oligopolistique que cherchent à faire les compagnies de construction déjà implantées dans ce pays.

 

 

Nous avons malheureusement le triste devoir de pousser plus loin notre réflexion. Nous accusons tous ceux impliqués dans cette montée de bouclier contre Sinohydro, depuis les journalistes qui se font prendre par la désinformation de leurs sources jusqu’aux députés qui se laissent berner comme des novices, de tous jouer, un mauvais rôle, probablement sans le savoir, sous l’influence de certains gros contracteurs sans scrupule. Ceux-là sont non seulement engagés à combattre le jeu de la concurrence, mais, de plus, ils sont disposés, par tous les moyens, de pervertir la bonne marche des institutions mises en place pour un processus de passations de marché claires et nettes dans un pays qui croule littéralement sous la corruption. Que le lecteur juge par lui-même.

 

 

Un chantier à pourvoir incessamment est celui du Complexe sportif à Triolet. Au Parlement, le PM est déjà tombé dans la trappe anti-Sinohydro qui a été savamment construite pour lui quand il a pâli à l’idée que Sinohydro obtienne ce contrat. Ce n’est malheureusement pas lui qui aura le temps ou le plaisir de parcourir les chiffres qui parlent d’eux-mêmes derrière l’écran de fumée érigé par ceux qui tireront de gros sous en l’induisant en erreur.

 

 

Un des grands soucis d’Alan Ganoo lors de sa PNQ a été, qu’avec le track record jugé abominable, que le lecteur a pu suivre en haut, il est possible que Sinohydro décroche cet autre contrat majeur. Monsieur Ganoo ne semble pas être trop loin de la vérité, d’après l’express du 8 juin 2013. On est soudainement confronté à un profil de Sinohydro auquel on ne nous avait pas habitués. Loin d’être la moins disante, l’offre de Sinohydro serait même la plus élevée. Mais ce n’est pas tout. C’est cette compagnie qui serait jugée, par les adjudicateurs du Central ProcurementBoard, comme étant la plus chevronnée techniquement pour cet ouvrage. Donc ce qu’elle perdrait en points sur son offre financière, elle le compenserait largement sur son offre technique et… c’est là où le bât blesse et que l’opinion publique doit être convaincue de son incompétence.

 

Soumissions financières :

EDCC Rs 151,4 millions ; Padco Rs 171 millions ; Sinohydro Rs 190,2 millions.

 

Technical Marks award :

EDCC 76,3 ; PADCO 76,2 ; Sinohydro 83,8.

 

 

On peut facilement imaginer, si tel est réellement le cas, l’embarras dans lequel se trouveraient les officiels du CPB chargés d’annoncer aux décideurs politiques que Sinohydro a été adjugée gagnante sur ce contrat au lendemain de la fausse couche médiatique qui a fait tant de bruit mais n’a rien démontré de damning au sein de Sinohydro. L’opposition croira avoir trouvé un autre filon pour épingler l’incompétence du gouvernement. Celui-ci, tétanisé par les critiques à l’encontre de Sinohydro et convaincu du bienfondé d’un dossier qu’il ne maîtrise pas, sacrifi era Sinohydro. Et les rédactions qui parlaient de «dossiers foireux» ne verront que du feu dans ce tour de passe-passe qu’elles ont naïvement contribué à mettre en place.

 

Si notre hypothèse est fondée, il y a un nom à cette désinformation et ce battage médiatique sans fondement. Ce serait, ni plus ni moins, une atteinte visant à pervertir un processus transparent et objectif de passation de marché public. C’est illégal dans la plupart des pays qui se respectent.