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Silence, on arrête

8 juillet 2010, 12:33

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De drôles de visiteurs défilent devant les locaux du CCID aux Casernes centrales en ce moment. Après Rama Sithanen et Ananda Rajoo, ce fut au tour d’une figure de proue du « Mouvement Antidrogue », Ally Lazer d’être convoquée par les policiers, hier. Le vicaire général du diocèse de Port-Louis, Jean- Maurice Labour a, lui, été interrogé par la CID, mardi.

Quand un ancien vice-Premier ministre, un rédacteur en chef, un meneur du mouvement contre la toxicomanie et un dignitaire religieux intéressent la police à ce point, les hors-la-loi ont des raisons de se réjouir. Ils savent qu’ils occupent dans l’échelle des priorités de la police un rang moins élevé que les « dangereux » politiciens, journalistes, travailleurs sociaux et hommes religieux.

Disons le d’emblée. La police n’aurait pas manifesté autant de zèle si les dirigeants politiques n’avaient pas envoyé des signaux pour les encourager dans cette voie. Dans l’affaire du film « Paradi an dey » le déclic est sans doute venu de la réponse donnée mardi par le Premier ministre à une question du député Aadil Ameer Meea.

Extrait : « On 26 June 2010, the Police informed Mr A.L. of its no objection to the holding of the public gathering. However, no authorization was granted for the projection of the film in view of the fact that no certificate of exhibition issued by the Film Classification Board in accordance with provisions of the Films Act 2002 had been submitted. Mr Speaker, Sir, the Mouvement Anti drogue held its gathering in the private compound of La Cure de la Cathédrale Saint Louis, and publicly projected a 30 minute clip on giant screen in spite of the fact that it had not obtained the prior approval of the Films Classification Board. The Police has initiated an enquiry in the matter.”

Les hommes de bonne volonté qui ont voulu sensibiliser l’opinion publique aux méfaits de la drogue ont été traités avec une intolérance incompréhensible. Il est possible, en effet, qu’Ally Lazer et Jean-Maurice Labour aient transgressé une disposition quelconque d’une loi désuète exigeant une autorisation des censeurs officiels avant la projection d’un fi lm dans un espace privé. Mais l’action des autorités reste néanmoins discutable. Car il y a la loi et l’esprit de la loi. Il est inacceptable qu’au nom d’un juridisme étroit l’on puisse causer autant d’ennuis aux auteurs d’une action qui est éminemment bénéfique à la société.

En passant, la police devrait nous dire si un couple de jeunes mariés qui invite une dizaine d’amis à visionner le film de leur mariage dans leur salon, sans passer par le comité de la censure, est passible d’une sanction pénale