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Semi-Intellectuel... À Quatre Pattes

24 juin 2013, 05:00

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Semi-Intellectuel... À Quatre Pattes

 

Sans doute est-ce là le type de journaliste que les hommes de pouvoir préféreraient voir dans notre beau pays !?

 

Mais là n’est pas notre propos du jour. Ce qui est plus intrigant et plus intéressant c’est de savoir ce que l’on reproche à ces «zanimos» qui animent la presse locale. De chercher des nouvelles et de les révéler ? D’avoir une opinion, y compris à propos de la qualité des ministres du pays ? De mettre en perspective la démocratie dans laquelle nous vivons, d’en démontrer les limites, d’en sonder les facéties, les hypocrisies et les dérapages ?

 

«L’express» a une raison d’être très claire. Celle-ci recherchera les faits, elle sera partisane de la logique et elle dira son opinion, toujours avec le bien national et le devenir du pays en point de mire. Cette raison d’être ne s’arrêtera pas à des considérations périphériques ou circonstantielles. La religion, le parti politique, les choix culturels des personnes relèvent des individus et ne sauront jamais nous faire reculer dans la recherche de la vérité. M. Varma, tant qu’il était ministre de la Justice de notre pays, avait le devoir de se conduire en ligne avec certains principes de base associés à sa haute fonction, de ne pas tordre le cou à la vérité et, autant que possible, de ne pas tabasser quelqu’un qui s’est mis au travers de sa route. Sa fonction en faisait un exemple pour les autres. Il a été loin d’être exemplaire. Le Premier ministre l’a bien compris et a tranché, conscient que si luimême ne lui demandait pas de démissionner, ce serait sa propre conduite qui serait en cause ! Cela n’a rien à faire avec le fait d’être hindou, vaish, franc-maçon, travailliste, membre du «grand capital » ou pas. Des principes ayant été enfreints, la sanction devait tomber, faute de quoi, le message aurait été celui d’un pouvoir qui peut re-dessiner les principes à sa guise, comme cela a trop souvent été le cas récemment. C’est un pas que ne franchit pas Navin Ramgoolam et c’est à son crédit.

 

* * *

Quant à l’évaluation des ministres par les rédactions de La Sentinelle, cela n’a pas beaucoup fait plaisir au gouvernement, ni à ses partisans. C’est normal. Mais qu’est-ce qui n’a pas fait plaisir, en fait ? Les scores eux-mêmes, loin d’être reluisants, même très sévères ? Ou surtout ce qui a été catalogué comme une outrecuidance de donner son opinion sur la performance ministérielle ? Or, dans une démocratie, les citoyens sont supposés pouvoir penser et donner leur opinion librement ! En quoi est-ce inautorisé que 100 citoyens libres, membres bigarrés de nos rédactions, ne pourraient pas dire collégialement leur opinion, alors qu’ils peuvent l’écrire ou la dire individuellement ? Ce n’est pas logique… Le PM a tort d’être ici négatif. Il est légitimé par les élections pour prendre des décisions. Qu’il les prenne ! Il n’est pas moins mandaté après l’évaluation des rédactions de «l’express».

 

Le raisonnement de ceux qui pensent que seulement le Premier ministre ou le corps électoral dans une élection, une fois chaque cinq ans, ont le droit de donner leur opinion sur la performance des ministres, pourtant payés des deniers publics, ne tient donc pas. Surtout quand l’échantillon qui donne son opinion a l’honnêteté de se présenter comme pas nécessairement représentatif de la population et certainement pas un substitut à un vote populaire !

 

Et c’est là que nous avons entendu les propos les plus délirants et les plus inquiétants : des jeunes qui n’ont pas encore leur «senior», des journalistes d’un magazine de mode, des journalistes qui viennent d’apprendre à ecrire le français, n’ont pas le droit, nous a dit le ministre Bachoo, de donner leur opinion sur le travail d’un ministre ! Ils ne sont pas qualifiés pour le faire, nous suggère-t-on ! Ce qui n’est pas sans rappeler, ironie suprême, les arguments des adversaires des travaillistes de l’époque, de ceux-là même qui étaient contre le vote universel de la population mauricienne et qui parlaient, en leur temps, devant le peu de «qualification» de l’électorat national, de «razoir dan la main zaco» ! Eh oui : toujours la même question des privilégiés et des princes du moment et des autres, les «zanimos»

 

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La démocratie est imparfaite, comme le journalisme et comme la vie. C’est Churchill qui disait que le meilleur argument contre la démocratie était une conversation de cinq minutes avec un électeur ordinaire ! Il a cependant le mérite d’avoir aussi dit que la démocratie est le pire des systèmes de gouvernement, sauf pour tous les autres. C’est le système que nous avons choisi pour notre pays. Pas la royauté ! Un des principes de base de cette démocratie est, ancré sur l’État de droit et l’État equitable, l’opinion libre. Soit on y croit, soit on n’est pas démocrate.

 

Et si la royauté, sauf en cas de chute, est généralement confortable, personne n’a dit que la démocratie l’était !