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Sauver les planteurs

11 mars 2010, 09:44

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Ils entament ce jeudi le 21e jour de leur grève de la faim. L’action de cette petite poignée de planteurs anonymes reste discrète mais la situation est grave. Leur santé est désormais fortement compromise. Il y a urgence.

Au point que ceux qui ont rendu visite aux grévistes hier se demandent si l’on n’a pas atteint le stade où l’irréversible peut se produire.

Ce qui est encore plus grave, c’est que le blocage est total. Les grévistes de la faim sont décidés à aller jusqu’au bout. Le gouvernement, lui, refuse d’écouter leurs griefs. Aucune négociation n’est ouverte.

Un porte-parole du groupe, Salim Muthy, a appelé le bureau du Premier ministre pour solliciter un rendez vous mais il s’est heurté à une fin de non-recevoir.

La question qui se pose n’est pas de savoir si la demande de ces planteurs est légitime ou pas. Il ne s’agit pas, non plus, d’engager des discussions sur le choix du procédé utilisé par ces planteurs pour faire entendre leurs revendications. La priorité absolue des autorités devraient être d’enlever la menace qui pèse sur la vie des protestataires.

Il est vrai que l’on peut contester le recours aux grèves de la faim comme moyen de faire pression sur un gouvernement. Ce type de protestation dérange par l’émotion. Or, le chantage à l’émotion est une méthode anti-démocratique. Il ne convient pas à un Etat qui entend respecter les principes de démocratie.

En revanche, on peut arguer qu’au cours de sa vie, Gandhi a fait plusieurs grèves de la faim pour faire plier le gouvernement colonial de l’Inde d’alors.

Mais toutes ces considérations sont, pour le moment, secondaires. La priorité des priorités reste le respect qu’on doit à la vie humaine. Il faut mettre un terme à l’action entamée à Triolet pour prévenir le pire.

Sur le fond également, on peut avoir des réserves concernant les revendications de ces planteurs qui jeûnent depuis trois semaines maintenant. D’autant plus qu’elles ont été mal articulées. Pour cause. Ni les partis d’opposition, ni les ONG s’occupant généralement des personnes qui sont lésées par des décisions officielles ne se sont intéressés au sort de ces grévistes.

La conjoncture politique les a forcés au silence, sans doute. Ainsi, l’opinion publique n’a pas bien compris les raisons qui ont poussé les six planteurs à risquer leur vie.

Que faut-il pour faire avancer la situation ? En vérité, il suffit de très peu. Chacune des parties engagées dans ce bras de fer devra accepter de se mettre à la table des négociations. Le bras de fer se poursuivra dans des conditions sereines. La victoire sera remportée sur la force des arguments et non celle des larmes.