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Salut l’artiste !

12 avril 2010, 18:23

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Il prend des risques personnels, l’opinion publique est déroutée, les journalistes n’y comprennent rien, mais Rama Sithanen a parfaitement raison. Il doit exposer la traîtrise et l’ingratitude de Navin Ramgoolam.

Le vice-Premier ministre et ministre des Finances (pour encore quelques heures ?) n’est pas dupe, il sait que Ramgoolam a décidé de se débarrasser de lui. Ramgoolam l’humilie et l’insulte dans l’espoir qu’il démissionnera de son propre chef. Si Sithanen tombe dans le piège, Ramgoolam gagne sur tous les tableaux : il obtient le départ de ce ministre qui lui fait tant d’ombre, mais il n’en prend pas la responsabilité. Il viendra à la télévision, la main sur le coeur, jurer qu’il est de bonne foi, affirmant qu’il n’a voulu aucun mal à son ancien collaborateur : c’est Sithanen qui a choisi de partir. Si Ramgoolam a décidé de se passer de son ministre – ce qui est évident –, qu’il assume sa décision. Et en paie le prix.

Plusieurs raisons ont été avancées, de part et d’autre, pour expliquer le comportement du leader du Parti travailliste à l’encontre de son excellent ministre des Finances. J’en ai une qui, je crois, est la plus probable : Ramgoolam ne peut plus supporter ce ministre trop brillant, cette intelligence si vive, cet esprit trop indépendant, Ramgoolam ne peut plus sentir cette espèce de Premier ministre bis dont tous les experts de la planète disent qu’il est le véritable architecte des réussites économiques des cinq dernières années. Personne ne croit, bien entendu, que c’est le professeur Scot, visiteur épisodique au bureau du Premier ministre, qui a piloté l’économie mauricienne par ces temps de turbulences. Maintenant que le travail est fait, Ramgoolam estime  qu’il peut se dispenser de ce ministre trop rigoureux et apparaître enfin comme le seul maître à bord.

Le leader du Parti travailliste est d’autant plus déterminé à en finir avec son ministre des Finances qu’il sait bien que Sithanen, au prochain Conseil des ministres, ne pourra pas demeurer les bras croisés devant le programme de démolition annoncé de sa politique budgétaire. Il sait, par exemple, combien de puissants et riches propriétaires d’immeubles, sponsors de l’Alliance de l’avenir, sont pressés, de voir disparaître la «National Residential Property Tax». Et il est certain qu’un gouvernement Ramgoolam-Jugnauth le fera d’autant plus aisément que l’opposition fait aussi sienne cette proposition démagogique et clientéliste qui entend perpétuer l’inégalité des citoyens devant la loi fiscale. Ce n’est qu’un exemple, il y en aura bien d’autres. Sur ce point, Ramgoolam a raison, il vaut mieux ne pas mélanger le lait et le vinaigre.

Sithanen a occupé avec talent le devant de la scène ces cinq dernières années. Il ne lui reste plus qu’à réussir sa sortie. A moins que ce ne soit un entracte…