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Rama Sithanen en funambule

20 mai 2009, 12:28

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C’est en véritable funambule que Rama Sithanen abordera son discours du budget de ce vendredi. Entre les exigences du secteur privé, les attentes de l’opinion publique et les contraintes du FMI pour maintenir un déficit acceptable, il devra trouver les moyens pour plaire à tous.

La proximité de l’échéance électorale ne laisse pas un grand champ de manoeuvre au ministre des Finances. Ce dernier n’a pas beaucoup de choix en ce qu’il s’agit de la problématique du déficit budgétaire. D’autant plus que ses détracteurs, qu’ils soient au sein même de l’Alliance sociale ou de l’opposition, l’attendent au tournant.

Rama Sithanen l’a dit lui-même. Le déficit est en hausse. Ce qui est loin d’être une surprise. Le plan de sauvetage d’urgence présenté en décembre de l’année dernière, sous la forme de l’Additional Stimulus Package, est certes indiqué mais il vient en même temps exercer une forte pression sur l’enveloppe des dépenses.

D’autre part, un gouvernement qui arrive en fin de mandat voudra absolument donner un coup d’accélérateur aux grands projets d’infrastructure. Les grands chantiers publics font toujours bonne figure dans le discours bilan de tout gouvernant sortant. Il est certain, aussi que la sortie de la crise passe obligatoirement par une reprise du secteur de la construction. Les investissements publics dans ce secteur sont, en conséquence, de bon augure.

L’ajustement des salaires de la fonction publique, à travers l’application in toto du rapport du PRB, n’est pas non plus étranger à l’augmentation des dépenses de l’Etat. La pression là aussi est considérable.

Quant aux recettes, elles subissent aussi les effets de la crise. Les revenus de la TVA, qui à eux seuls représentent un tiers des recettes totales de l’Etat, sont définitivement moindres. Cela est dû, d’une part, au ralentissement de la consommation locale et, d’autre part, à la baisse des arrivées touristiques.

Moins des touristes signifie aussi moins de taxes sur les factures d’hôtel et une baisse des autres prélèvements directement liés aux taux d’occupation dans ce secteur.

Les recettes publiques souffriront également de la baisse de profitabilité des entreprises. L’impôt sur les profits est une source importante de revenus pour l’Etat- 11% du total pour l’année financière 2007-2008. Notre confrère L’Express estime, dans son édition du lundi 18 mai, que le profit des grosses entreprises subira une baisse de l’ordre de 45% à 80%. Ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences lourdes sur les caisses de l’Etat.

Rama Sithanen se retrouve donc dans un dilemme. Comment contenir le déficit sans mettre en péril une économie sujette à des turbulences pratiquement incontrôlables tout en ne mettant pas en danger son gouvernement à l’approche d’une consultation populaire? L’abolition des subsides de tous genres peut aider à réduire les dépenses. Mais ce type d’aides sociales participe en même temps à une certaine forme de cohésion sociale. Le ciblage demeure une solution. Mais…

Augmenter les recettes à travers l’imposition fera certainement partie de la solution. Introduire de nouvelles taxes, revoir à la hausse le taux de ceux déjà existantes telles que la NRPT ou encore la taxe sur les intérêts, par exemple. Mais il s’agit ici de ne pas apporter de l’eau au moulin de l’adversaire.

Même si les critères de certains impôts directs ont été taillés sur mesure pour que seuls les particuliers en haut de l’échelle soient pris dans les mailles du filet, le ministre des Finances doit aussi prendre en compte l’interprétation faite de telles mesures sur les caisses de savon. L’élargissement de l’assiette fiscale de la TVA pourrait aussi être un autre moyen de renflouer les caisses. Mais la dangerosité politique d’une telle mesure est hautement plus préjudiciable.

Rama Sithanen saura t-il faire preuve du panache nécessaire pour garder et la tête et l’économie hors de l’eau? Réponse vendredi prochain. Ame sensible s’abstenir.