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Racisme à rebours

27 janvier 2012, 08:16

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Il y a quelques années de cela, Robert Mugabe lançait ce qu’il appelait The Third Chimurenga, défini par le président zimbabwéen et son parti, le Zanu-PF, comme « the final and practical correction of the economic imbalances imposed by the racist colonial rule over a stretch of decades ».

Les termes : final and practical correction, tellement proches de la solution finale chère à Hitler, laissaient déjà présager le pire pour ceux qui allaient faire les frais des règlements de compte pour les humiliations subies à l’époque coloniale.

En l’occurrence ceux qui dans la Rhodésie d’antan se la coulaient douce grâce à la déclaration unilatérale d’indépendance de Ian Smith. Un régime qui était tellement proche de l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Parmi ceux que visaient Mugabe et ses hommes figuraient notamment des Mauriciens qui s’étaient établis dans ce pays dans les années 1950/1960.

Normalement, ce vendredi 27 janvier, un compatriote, Benoît Fayd’herbe, devrait apprendre devant la Chiredzi Magistrates’ Court s’il est coupable d’avoir illégalement occupé des terres qui lui ont été reprises par les responsables de la formation politique du président zimbabwéen.

Un autre Mauricien, Benoît Lagesse, se trouve dans une situation similaire, et devra patienter jusqu’au mois de mars pour connaître le sort que lui réserve la justice du Zimbabwe.

Mais comment en est-on arrivé à cette situation de profonde injustice ?
Robert Mugabe, après des années de guérilla contre un régime raciste, avait pourtant promis, quand il est arrivé au pouvoir, un pays démocratique sur tous les plans à ceux qui vivaient au Zimbabwe.

Tout cela est profondément regrettable. Nous n’allons pas revenir sur les méandres de l’histoire.

Soulignons simplement que le jeudi 17 février 1966, soit environ un an après que Ian Smith eut décidé de rompre les liens de Salisbury (le nom de Harare à l’époque) avec Londres, un journal à Maurice publiait un avis d’embauche pour le Chirundu Sugar Estates Limited, une usine sucrière pour un « experienced process overseer/chemist of european descent ». Of european descent !

Voilà qui situe bien le contexte des relations ethniques complexes qui agitaient l’Afrique et dont les séquelles continuent d’engendrer tellement de souffrance.

Le pire probablement pour tous ceux qui combattent le racisme ou le communalisme, c’est de finir par ressembler à leurs ennemis d’antan.

Chez nous, toutes proportions gardées, soi-disant pour une correction finale et pratique, par la vertu du Best Loser System, d’un déséquilibre social, certains veulent défendre un système qui institutionnalise le communalisme.