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Répression sélective

20 novembre 2012, 17:36

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Une nouvelle saga s’ouvre dans l’actualité. Hemant Bangaleea, proche du Parti travailliste, est surnommé l’homme à la valise de Rs 300 millions. Alors qu’on se demandait pourquoi il n’a jamais été inquiété par les autorités, il s’invite à la une des journaux. Le pays découvre mieux le visage de cet ex-chauffeur, activiste politique, devenu homme d`affaires.

C`est un homme sûr de lui qui s’est laissé photographié, lundi, à sa première comparution devant la justice. Hemant Bangaleea risque, cependant, d’être une gêne pour le pouvoir. Le ton de la PNQ de ce mardi 20 novembre à l’Assemblée et l’irritation du Premier ministre, face à la fronde de l’opposition, donne une idée du caractère explosif et intriguant de ce dossier.

Nous n’accuserons pas Hemant Bangaleea. Laissons à la justice le soin de nous dire si c’est un honnête homme ou pas, même si le verdict doit être rendu dans de très longues années. Dans l’immédiat, notre étonnement est grand. Plusieurs centaines de millions de roupies, des terres de l’Etat et des biens fonciers à l’étranger sont en jeu dans un milieu qui ressemble à un Etat dans l’Etat.

Pour moins d’un centième des sommes évoquées, la Mauritius Revenue Authority (MRA) serait venue vous poser des questions. Pour quelques poussières de cette somme, la Commission anti-corruption (ICAC) se serait intéressée à vous.

Pourquoi la Police, la MRA, l’ICAC ou la Financial Intelligence Unit n’ont-elles rien vu venir ? Toutes ces institutions créées pour surveiller, entre autres, les fraudes, traquer la circulation de l’argent aux sources douteuses et les enrichissements inexpliqués, sont restées silencieuses tout ce temps.

Devrons-nous croire, nous petits citoyens au train de vie modeste, que l’ICAC et la MRA sont payées par les contribuables uniquement pour traquer les petites cibles et donner ainsi l’impression de travailler ? Doit-on croire que ce sont les œufs et non pas les mammouths qui intéressent ces institutions dotées de gros moyens ? Y a-t-il des individus, qui, parce qu’ils ont les bonnes connexions, sont au-dessus des lois ?

L’affaire Bangaleea, comme l’affaire Gro Derek, il y a à peine quelques mois, témoigne non pas des failles du système, mais de son étrange posture. On pourrait croire que le système est devenu sélectif, sinon qu’il a choisi la facilité, ou pire, qu’il prend ses ordres en haut lieu. Le citoyen est en droit de douter.