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Que ferons-nous...s’il pleut?

26 janvier 2011, 00:00

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«Que ferons-nous s’il ne pleut pas ?» est la question qui est sur presque toutes les lèvres. Toutefois, pourquoi ne nous interrogeons-nous pas sur nos responsabilités et nos devoirs lorsqu’il pleuvra, insha Allah ?

A-t-on des doutes quant à la valeur même de nos invocations ? Pourquoi manquons-nous, semble-t-il, de conviction sur l’imminence de l’aide divine ? Aurions-nous tort à penser que c’est Dieu qui donne la pluie, et Lui Seul ?

Malgré nos prières quasi-incessantes, nous ne pouvons cacher le sentiment qu’il y manque, souvent, quelque chose. D’abord, notre foi fait défaut, atrocement dans certains cas. Nous confondons des rituels qu’inventent les hommes avec le lien intime avec l’Unique. Notre cœur n’y est pas toujours malgré tout le bruit de nos prières. 

Nous pensons à l’argent de la loterie, à une chose que nous adorons, à notre égo au milieu de la prière. Nous implorons Dieu alors que notre nourriture est impropre, notre habit impur, notre attitude immodeste. Nous disons ‘Dieu’, mais nous nous tournons vers autres que Lui.

Nous avons détruit l’ordre de la nature avec notre gourmandise et notre gaspillage. Regardons ce que nous avons fait de la terre, de la mer et de l’atmosphère… Et la corruption de nos cœurs s’est propagée dans la société comme une gangrène allant des pires injustices que nos affligeons aux plus vulnérables à l’arrogance de ceux qui croient détenir le pouvoir. Au quotidien nous vivons l’oubli de Dieu et le culte du matériel. L’amour du prochain est un vain mot. Nous sommes en perdition…

Dieu fera-t-Il tomber la pluie quand nous ne voulons pas nous changer nous-mêmes ? Quand nous ne ferons que continuer dans la voie maudite ? Quand nous ne  ferons que persister à transgresser, à abuser et à gaspiller ?

Comment espérer que la pluie puisse nous être bénéfique alors que nous ne faisons rien pour en tirer profit lorsqu’elle tombera? Nous n’avons ni ouvert notre cœur afin de recevoir la miséricorde divine, ni même avons-nous préparé une bonne terre afin de donner vie à la nature. Nous n’attendons la pluie que pour augmenter le profit, le pouvoir  et la gloire éphémères de certains.

Mais il pleuvra, insha Allah. Pour les larmes d’une vieille dame qui a imploré l’Unique, pour la soif d’un orphelin que tout le monde ignore, pour la survie de la faune et de la flore de ce jardin  qui, selon ce que disait un Mauricien à Mark Twain, fut créé avant le Paradis. 

Que ferons-nous alors ?
Décidons-nous dès maintenant à changer le mal qui est en nous. A nous rappeler de l’Unique non seulement quand il ne pleut pas, mais à tout instant, sincèrement, humblement, loin des regards des autres.

Adorer Dieu, c’est respecter les signes de Sa création. Cela commence par la dignité de l’être humain. Tout de suite après, parmi toutes les choses crées que nous devons gérer avec sagesse, il y a cette eau qui nous tombe du ciel.  Or l’eau et le reste de la création existent en interdépendance, car il n’y a que Lui qui ne dépend de rien.

Il nous faut garder l’harmonie établie de la nature. Utiliser l’eau ne veut nullement dire en abuser les ressources irrationnellement. Et ce même principe de coexistence s’applique pour les forêts, les rivières, les lagons, l’air, la terre et tous les écosystèmes. La science et la technologie doivent être des outils au service du symbiose naturel et de l’humanité, nullement des instruments d’exploitation exclusivement économiques.

S’il pleut, nous devons cesser tout gaspillage car ceci est un  grand mal. Jusqu’ aux moindres ablutions, nous devons éviter tout abus. Les institutions – étatiques, privées mais aussi socioreligieuses –  doivent promouvoir l’autonomie en matière d’eau en collectant la pluie sur leurs bâtiments. Le traitement des eaux usées et le recyclage, par exemple dans l’irrigation et le lavage externe, sont aussi envisageables. La maître-mot doit être la décentralisation de la gestion de l’eau, mais aussi celle de l’énergie et des déchets.  Il faut planter des arbres partout, comme si c’est une obligation religieuse ou civique.

La sécheresse doit nous rendre aussi plus humbles. Nous voulons avoir tout, immédiatement et à-bien-plaire, que ce soit l’eau, l’électricité ou, plus généralement, l’assouvissement de nos moindres désirs. La patience, la  modération, la frugalité, l’abnégation même,  sont des valeurs plutôt  rares. A force de vivre à la vitesse ‘grand V’, nous devenons des machines, sinon des esclaves modernes. La surconsommation et l’endettement sont des fléaux modernes. A l’autre extrême, il y a la misère aussi, l’indifférence surtout.

S’il pleut, nous devons changer notre vision du monde. Le développement et le progrès doivent avoir plus de sens que l’accumulation de biens personnels  dans un temps record ou encore la construction de gratte-ciels, d’industries et d’autoroutes là où était jadis un jardin paradisiaque.

Elle n’est sans doute pas sur toutes nos lèvres, mais la vraie question que se pose notre conscience est bien celle-ci :  «Que ferons nous…s’il pleut ?» Car à l’intérieur de nous, nous savons que cette sécheresse est un signe, un avertissement même.