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Quand va-t-on se mettre au travail ?

14 mars 2012, 13:17

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C’est un scénario immuable, année après année : le déficit du compte-courant a encore augmenté en 2011. En termes de pourcentage du produit intérieur brut (PIB), le déficit est passe à 10,2 % l’année dernière contre 8,2 % en 2010. Selon la Banque de Maurice qui publie cette comptabilité d’un des paramètres et indicateurs clés de notre performance économique, ce déficit est essentiellement attribuable au déficit de la balance commerciale que les revenus des services et du tourisme n’arrivent pas à rattraper.

Pour de nombreux économistes et observateurs de la chose économique, ce déficit commercial chronique est structurel car Maurice a une économie ouverte, que nous sommes un «net food importer» et que malgré la bagasse comme source énergétique, notre économie tourne surtout grâce aux produits pétroliers. Nous en avons besoin pour le transport, les centrales thermiques du CEB et pour nos usines, même d’exportation, entre autres.

«Structurel ? Foutaise», rétorque avec force l’économiste et observateur de l’histoire économique du pays depuis des décennies, Georges Cheung Tick Kan. Les chiffres lui donnent raison. Dans les années du «boom économique» au début des années 80, les exportations ont été supérieures aux importations. En 1986, plus particulièrement, les exportations de biens ont atteint Rs 9,4 milliards et les importations ont été de Rs 9,1 milliards, selon «Statistics Mauritius» (ex-CSO).

Le déficit commercial n’est donc pas une fatalité. Le vrai problème est que Maurice, avec le développement économique, est devenue une société de consommation. Les «shopping centres» fleurissent comme des champignons après l’orage.

En lui-même, ce phénomène n’est pas condamnable. Chacun a le droit d’aspirer à un certain confort. Mais il faut que la production et la productivité suivent la volonté de consommation, qui n’est pas en elle-même illégitime.

Mais encourager la consommation isolément du travail correspond à vivre au-dessus de ses moyens. «Achetez aujourd’hui et commencez à payer dans trois mois.» Voilà un slogan marketing qui a contribué à cette culture. L’envie de jouir comme les autres d’une vie agréable mais sans efforts engendre des fléaux sociaux comme le vol, pour ne citer que celui-là. Sans vouloir jouer au moralisateur du dimanche, il y a une culture du «tout, tout de suite» et gratuit si possible, qui s’est insidieusement développé. Mais il n’y a pas que les maisons de commerce qui sont dans le collimateur, mais également ceux qui nous gouvernent.

Au Singapour, les «shopping malls» pullulent mais le revers de la médaille est que les chantiers de construction, par exemple, sont actifs 24 heures sur 24. A Maurice même, on a pu voir des Chinois commencer le vrai travail au moment du départ des maçons mauriciens à 16 heures.

Dans un tel contexte, comment encourager la valeur du travail et de l’effort ? La main-d’oeuvre de nos usines de confection est proche de la retraite et peine à se renouveler. Et dire qu’il y a des syndicalistes qui s’opposent à l’importation de la main-d’oeuvre étrangère ! Pourtant demandez à n’importe quel jeune. «Moi travailler à l’usine ? Plutôt crever.» Même ceux sans qualification aucune, même pas la «School Certificate», aspirent à des «white collar jobs». On croit rêver !