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Quand l''écart devient fossé

11 octobre 2012, 07:51

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Les augmentations préconisées par le PRB ont surpris, voire indigné, un grand nombre de Mauriciens. Le rapport devait rétablir une certaine équité salariale en relevant de manière plus importante les salaires des plus faibles. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Le taux des augmentations est plus fort à mesure que le niveau des salaires monte. Ce barème progressif crée naturellement un sentiment d’injustice.

Les syndicats avaient exprimé, à chaud, une certaine grogne. Quand ils ont commencé à décortiquer le rapport, cela s’est transformé en véritable colère. Le désaveu est tel que, pour une fois, les syndicalistes semblent s’entendre entre eux. L’ensemble de la classe syndicale rejette le rapport et réclame de nouvelles grilles de salaires.

Ce qui provoque le mécontentement chez beaucoup de fonctionnaires, ce n’est pas tant le montant des augmentations qu’ils percevront, mais le fait que l’écart avec les salaires des hauts gradés se creuse. Ainsi, la revendication des syndicats tient à des raisons davantage liées à un problème de justice qu’à des considérations monétaires.

Le PRB est allé à l’encontre de la tendance générale dans le monde en faveur de l’équité salariale. Laissons parler les chiffres. Un Clerical Offi cer/ Offi cer touche actuellement un salaire d’entrée de Rs 10 778. Ce montant passerait, selon le rapport, à Rs 11 750, soit une hausse de 9 %. En revanche, à l’autre extrémité de l’échelle, on retrouve, par exemple, un Permanent Secretary qui passe de Rs 87 500 à Rs114 000, ce qui représente une augmentation de 30 %. L’écart devient un fossé.

L’injustice est d’autant plus grande que les plus grands gagnants de la manne du PRB sont des fonctionnaires qui ont déjà d’autres sources de revenus que leurs salaires. Les Chefs de cabinet siègent sur d’innombrables conseils d’administration et sont grassement rémunérés pour ce service.

Les juges en exercice peuvent, eux, effectuer des arbitrages privés et jouir d’un très bon complément de salaire, etc.

Personne ne conteste le fait qu’il faut payer correctement des diplômés et des professionnels talentueux. Mais l’écart entre les bas salaires et les hauts salaires doit être raisonnable. Sinon, les dégâts sociaux peuvent effacer tout le bonheur que le PRB a voulu procurer aux très hauts fonctionnaires à travers le pactole offert.
 
 
 

Raj MEETARBHAN