Publicité

Prise de conscience

19 octobre 2012, 11:23

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

La crise est bien là. Dans toutes les entreprises qu’elles soient publiques ou privées, les responsables ont désormais pris conscience de l’ampleur du phénomène, de son impact et surtout personne n’ose s’aventurer à pronostiquer une date pour la sortie de crise. La morosité ambiante fait que les derniers résultats des sociétés cotées sont dans l’ensemble décevants, notamment pour la construction et les holdings.

Le secteur du tourisme paie également un lourd tribut. Pas étonnant donc à ce que sur les sept plus grosses capitalisations de la Bourse de Port-Louis, seulement deux (La State Bank et ENL Land) aient enregistré une hausse de cours lors du troisième trimestre 2012. Même la Mauritius Commercial Bank (MCB), championne des bénéfices toutes catégories confondues, a vu ses derniers résultats hors exceptionnel stagner. Un signe qui ne trompe pas pour les banquiers : les créances douteuses, c’est-à-dire les prêts non remboursés sont en hausse et ont passé la barre des 5 % du total des crédits en juin dernier. Un phénomène qui inquiète d’ailleurs le Gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM). La Banque centrale a récemment joué les pompiers en fournissant aux entreprises exportatrices et aux groupes hôteliers des lignes de crédit en devises. Sun Resorts a déjà utilisé ce mécanisme à hauteur de Rs 150 millions et le groupe Lux Island Resort a annoncé être intéressé.

C’est qu’au fil des mois, les révisions à la baisse de la croissance se sont succédé. Statistics Mauritius table désormais sur 3,2 % pour 2012, un niveau que s’est résolu à adopter le ministre des Finances, Xavier Luc Duval. Pour rappel, on avait commencé l’année avec des estimations de l’ordre de 4 %. Et pour 2013, on démarre avec un taux de 2,9 %. Les raisons de ce recul de la croissance sont connues. L’Europe, qui représente le principal débouché des produits mauriciens et le premier contingent de touristes, reste engluée dans la crise.

Par ailleurs, avec une croissance attendue de 2,4 %, les Etats-Unis ne jouent plus leur rôle de locomotive. Cette atonie se répercute d’ailleurs sur les économies émergentes. On constate ainsi un recul de la production industrielles et des exportations en Chine.   

Dans ce contexte, les yeux se tournent vers les banques centrales. On attend, par exemple, beaucoup des prises de position de la Banque centrale Européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine. Le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé un plan de rachat de dettes d’une maturité d’au moins 3 ans. Ce plan devrait aider les pays de la zone euro qui empruntent à des taux élevés et éloigne la perspective d’un plan massif de sauvetage de ces pays.

Aux Etats-Unis, le patron de la Fed, Ben Bernanke, a rendu public un plan de soutien qui implique le rachat de dettes hypothécaires à hauteur de 40 milliards de dollars par mois. En Chine, la Banque centrale a procédé en juin dernier à une baisse surprise de son taux d’intervention.

A Maurice, on attend aussi beaucoup de la Banque centrale et une détente monétaire est réclamée par de nombreux acteurs économiques. D’autant que l’institut d’émission dispose d’une marge de manœuvre relativement confortable. Mais c’est sur le budget que repose l’essentiel des espoirs.

Xavier Luc Duval a déjà rappelé les principaux objectifs de sa prochaine loi de Finances. Il s’agira d’assurer une bonne gestion macroéconomique, de soutenir la croissance et l’emploi avec une attention particulière pour les jeunes, de poursuivre l’investissement public, de renforcer la protection des plus vulnérables, d’améliorer le service public et la résilience de l’économie face à la crise. Rien de bien nouveau finalement car ces objectifs sous-tendaient théoriquement déjà l’action gouvernementale dans le cadre du précédent budget. Et pour les atteindre, contrairement à ses homologues européens, le ministre des Finances n’est pas sous la pression d’un endettement abyssal ou d’un déficit budgétaire vertigineux. Il suffit d’en prendre conscience.