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Pravind Jugnauth est-il «lié» par le budget de Rama Sithanen ?

27 octobre 2010, 08:32

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A quelques semaines de la présentation du budget 2011, la question commence à susciter des débats et provoquer la polémique. La température grimpe tout doucement. La question qui occupe les esprits et qui divise l’opposition mais aussi le gouvernement, c’est celle de la marge de manoeuvre dont dispose le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, pour présenter un budget le plus équilibré possible.

Le leader de l’opposition Paul Bérenger, et son porte parole sur les questions économiques, Kee Cheong Li Kwong Wing, affirment que la caisse gouvernementale regorge d’argent et que la question de marge de manoeuvre ne se pose même pas. Le ministre des Finances rétorque, sans nier ce fait, que toutes les ressources disponibles sont déjà «committed» (engagées). Comme argument, c’est une première. Les
ministres des Finances précédents nous avaient habitués au scénario des caisses vides et à la nécessité de se serrer la ceinture.

Ensuite, ils sortent un «no tax budget» de leur chapeau, pour le plus grand soulagement des contribuables. «Tous les ministres des Finances font cela. C’est de la politique», avait un jour avoué un ancien titulaire du poste. Pour Kee Cheong Li Kwong Wing, l’argument utilisé par l’actuel grand argentier est ridicule. «Pravind Jugnauth avait passé son temps à critiquer la politique de Rama Sithanen qu’il jugeait ultra-libérale.

Aujourd’hui qu’il est aux commandes, il vient nous dire qu’il ne peut rient y changer. C’est une énorme contradiction», estime le député mauve. Pour lui, Pravind Jugnauth dispose des ressources et de l’expertise du personnel du ministère des Finances pour apporter sa touche personnelle.

«S’il ne peut pas le faire, c’est qu’il n’a pas les compétences pour», ajoute-t-il. Dans ce débat, il est intéressant de noter que le ministère des Finances a publié une note et des directives pour augmenter les revenus de l’Etat en termes de frais et de redevances pour les services fournis par le gouvernement et les corps parapublics. Cela en réponse à une baisse anticipée des revenus fiscaux.

Kee Cheong Li Kwong Wing balaie cette crainte d’une main en faisant ressortir que l’année dernière, la croissance économique a été moindre que celle escomptée cette année. Il ajoute que deux nouvelles sources de revenus non négligeables viennent cette fois s’ajouter aux recettes du gouvernement : la contribution des entreprises au programme du Corporate Social Responsibility et les taxes généreuses payées sur le loto. Enfin, le député mauve fait ressortir que Maurice souffre d’un manque de main-d’oeuvre chronique – maçons, ingénieurs, quantity surveyors et autres se font de plus en plus rares – et d’une lenteur administrative structurelle, notamment pour les appels d’offres, qui empêche la mise en chantier rapide des projets d’infrastructures.

Compte tenu de cela, il serait plus qu’étonnant que l’argent «committed» pour les infrastructures et autres dans le dernier budget ait déjà été dépensé. Quand l’argent n’a pas encore été utilisé et les contrats même pas encore alloués, un ministre des Finances a le pouvoir de réallouer les fonds disponibles sans remettre en cause le principe de la continuité de l’Etat. Si un ministre des Finances ne peut rien changer aux plans de son prédécesseur, on peut se demander à quoi sert l’alternance de pouvoir.