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Pour une séparation claire

11 août 2013, 04:26

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Le conseil des ministres ne s’est pas tenu ce vendredi 9 août. Ni la veille, alors qu’en général, la réunion est avancée d’un jour en cas de jour férié. Par exemple, le 31 janvier dernier, le cabinet s’est réuni un jeudi parce que le vendredi 1er février était férié. Le gouvernement ne s’est pas expliqué sur la non-tenue du conseil des ministres.

 

D’abord, on peut se demander si, après les vacances allongées des parlementaires, les élus ne sont pas en train de donner le mauvais exemple aux travailleurs mauriciens. Mais relevons surtout le fait qu’un événement religieux a empêché la tenue d’un conseil des ministres. Les règles de la laïcité sont piétinées. La plus haute instance dirigeante de la république peut-elle cesser de fonctionner en raison d’une fête religieuse ?

 

Dans une république qui se respecte, la conduit des affaires de la Cité concerne la nation entière. Elle ne peut être tributaire d’un quelconque calendrier religieux. Le mélange entre Etat et religion ne peut qu’encourager les chefs religieux à investir davantage le champ politique. Personne ne pourra leur demander de laisser la gestion des affaires temporelles aux politiques si l’Etat, lui, crée une confusion des genres entre le religieux et le politique.

 

Le Premier ministre a eu raison, samedi dernier, quand il a reproché à certains religieux de prendre position sur les sujets d’actualité. A ces prêtres qui critiquent son inaction sur certains dossiers, Navin Ramgoolam a rappelé que « Bondye pann resi fer sa, kouma dir mwa ki bizin fer sa aster ». Sa riposte était justifiée parce que les prêtres s’étaient immiscés dans un territoire politique. Maintenant, s’il veut être cohérent, le Premier ministre doit demander à ses ministres de ne plus tenir des meetings politiques lors des fêtes religieuses. Pour aller jusqu’au bout de sa logique, Navin Ramgoolam devrait également demander au chef de l’Etat, celui qui est censé garantir l’unité de la nation, de ne plus tenir compte du calendrier religieux dans l’exercice de sa fonction présidentielle. Comment peut-il accepter, alors qu’il prône la séparation entre les Eglises et l’Etat, que le président de la République présente ses voeux à la nation le jour de Noël?

 

De plus, la position affi chée samedi par le Premier ministre devrait l’amener à condamner le president de la Sanatan Dharma Temples Federation. Ce dernier mélange allègrement, et de manière récurrente, politique et religion. Mais ne rêvons pas. Le « dignitaire » religieux ne sera pas inquiété. Car les impératifs politiciens l’emportent toujours sur les convictions chez le politicien ordinaire.