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Pour une poignée de voix

14 novembre 2013, 05:19

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Pour une poignée de voix

 

La photo d’un vice-Premier ministre chancelant grimpant sur une estrade de fortune pour soutenir des marchands en situation illégale, publiée dans notre numéro de mardi, est le symbole même d’un État effondré. Rashid Beebeejaun était venu, en compagnie de ses collègues Shakeel Mohamed et Abdullah Hossen, exprimer sa solidarité avec les colporteurs qui refusent d’être relogés dans les sites identifiés par un comité ministériel.

 

Dans la saga des marchands ambulants, le comportement des politiciens a été indigne. Pour eux, l’enjeu est avant tout électoraliste. Si le sens de l’intérêt général dominait les considérations partisanes, on n’aurait jamais vu un haut dignitaire de l’État incitant des marchands à occuper les trottoirs et à encombrer les rues de la capitale.

 

Qu’un État moderne puisse tolérer le chaos provoqué dans ses villes par des marchands de rue dépasse l’entendement. Pour satisfaire aux exigences clientélistes de la majorité politique, la capitale sera donc une fois de plus transformée en un vaste souk à l’approche des fêtes de fin d’année. La situation pourrait même dégénérer en tensions vives car les commerçants légitimes sont excédés par l’incapacité des autorités à faire respecter l’ordre de la cour.

 

Pourtant, une solution permanente était à portée de main. La mairie finalisait la procédure pour loger les marchands ambulants à la gare du Nord et à la gare Victoria quand le ministère des Administrations régionales a donné, mardi, un nouveau sursis aux marchands. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement bloque in extremis une sortie de crise. Le «Hawkers Palace» avait été transformé en supermarché en 2005 alors qu’il avait été conçu pour accueillir les marchands ambulants.

 

Une décision de justice ignorée, la mairie déclarée hors-jeu, le gouvernement a désormais toutes les cartes en main. Les mêmes cartes qu’il détient depuis bientôt dix ans sans pouvoir faire la différence.