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Patience

7 octobre 2012, 00:00

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Non ce n’est pas une blague. Le développement du pays doit beaucoup à la fonction publique. Le nier est impossible. En rester là aussi.

La réforme de l’administration publique se fait à pas lents et lourds. Au ministère de la Fonction publique, on insiste sur le fait que les fonctionnaires travaillent pour les contribuables, qu’ils ont pour objectif de les satisfaire à 100%. On précise aussi que les services offerts visent le mieux. Ils sont perfectibles. Largement perfectibles.

Parmi les mesures prises pour contenter un tant soit peu le public volontiers râleur : l’ouverture de certains services durant l’heure de déjeuner, le travail le samedi matin, l’informatisation des services, la délivrance du passeport sous quatre jours, d’un acte de naissance dans la journée, etc. Pas assez semble- t- il.

Vendredi dernier, après un passage laborieux à la National Transport Authority ( NTA), un groupe de conducteurs s’étant rendu au Registrar n’a pas caché son mécontentement.

La file d’attente déjà longue était sur le point de s’enrouler comme un serpent sur lui- même. Sur six guichets, seulement deux étaient ouverts. La procédure prenait près de cinq minutes par personne.

Imaginez que le dernier patient ( les personnes qui font la queue méritent bien cette appellation puisque c’est une qualité indispensable à ce moment) était précédé de vingt- et- un autres patients. Faites le calcul : le temps d’attente est de cinquante minutes minimum.

Positionnés en tête de peloton, deux patients se plaignaient d’avoir fait le pied de grue pendant plus d’une heure. Rien de mieux pour motiver un groupe de cinq personnes en bout de ligne pour faire entendre leur doléance à un supérieur dans son bureau. Effet immédiat : une fonctionnaire arrive, le pas nonchalant, la mine morne. Un troisième guichet va s’ouvrir. Fausse joie : elle vient prendre la relève de la plus rapide des deux fonctionnaires à qui les patients qui s’impatientent demandent de rester.

Résumons. Acheter un véhicule demande plus que de l’argent. Il faut une forte dose de patience, voire de sang- froid. Il faut accepter d’aller au point A ( la NTA à Cassis) qui donne un passe pour aller au point B ( le Registrar à Port- Louis) qui délivre un autre passe pour se rendre au point C ( l’assurance) qui vous offre le billet retour au point A. La fonction publique a appuyé le développement du pays. Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure. Rien de plus rebutant que des démarches administratives qui bouffent une journée de travail, c’està- dire soit un ( faux) sick leave , soit un local leave, soit quelques précieuses roupies sur la fi che de paie.

Les opérateurs commerciaux ont bien compris que le client aime tout avoir sous la main. On appelle cela un one stop shop. Dans la fonction publique, on préfère une répartition des tâches savamment orchestrée. Et si possible, dans des lieux différents. L’île Maurice n’est- elle pas une destination touristique et les Mauriciens tous enfants de migrants? Pour le coup, on profi te du paysage et nos gènes ne sont pas contrariés.

C’est vrai que la fonction publique à sous- tendu le développement du pays. Mais on aurait pu aller plus vite.