Publicité

Pas si noble

4 février 2010, 10:09

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Des acteurs du monde éducatif font de la résistance à la réforme dans le cycle primaire. Ces inspecteurs, maîtres d’école et instituteurs qui se préoccupent beaucoup plus d’argent que de pédagogie refusent d’appliquer la mesure Bunwaree préconisant le remplacement des leçons particulières, en Std IV, par des cours de rattrapage dispensés à l’école. Pour nos éducateurs, il s’agit tout simplement d’une histoire d’argen.

Il apparaît donc qu’aucune catégorie de professionnels de l’éducation ne soit opposée au principe de l’abolition des leçons particulières. Ils se disent tous en faveur de l’introduction du dispositif connu comme le «Enhancement programme» et qui prévoit des cours de soutien après les classes réglementaires. Mais, ils réclament d’être mieux payés avant de participer au programme.

Hier, les maîtres d’école ont fait savoir que la prime mensuelle de Rs 3 300 que propose le ministère en contrepartie de leur collaboration au programme est insuffisante. Ils revendiquent presque le triple de ce montant. Tout autant déraisonnables, les instituteurs ont boudé la distribution, qui s’est faite hier dans les écoles, d’un manuel qui explique les modalités du cours de rattrapage. Ils demandent, eux, que la rémunération pour ces cours passe de Rs 2 600 à Rs 8 000.

Aux yeux des parents, cette polémique peut paraître grotesque. L’on a bien du mal à comprendre comment des éducateurs peuvent résumer un projet qui fixe un nouveau cadre pédagogique au niveau primaire à un objet de marchandage.

C’est indigne. Ce serait dramatique si ceux qui sont chargés mettre en oeuvre ce projet en faveur de l’enfant mauricien arrivaient à le bloquer pour une question de gain personnel. Certes, l’enseignant est un citoyen salarié et comme les autres salariés il mérite un traitement juste. Mais la proposition du ministère semble, à tous points de vue, équitable. Avec le nouveau programme, le temps de travail n’est allongé que de trois heures et demie par semaine.

La nouvelle mesure a le mérite d’offrir aux élèves moyens la possibilité de rattraper leur retard en classe. Ceux-là n’ont souvent pas les ressources pour payer des cours particuliers et, distancés par les plus doués, finissent par décrocher totalement. Les élèves qui possèdent un bon niveau et qui ne nécessitent pas des cours supplémentaires se verront proposer des cours de musique. Ils pourront également pratiquer une activité sportive. Tout cela est très sain surtout parce qu’il permet de sortir de l’étouffant système de leçons particulières.

On aurait pu croire que les enseignants, dont la mission est de former des citoyens responsables, ont des valeurs morales qui font d’eux des modèles pour les jeunes. Ils auraient constitué une bonne source d’inspiration pour leurs élèves s’ils avaient apporté la preuve que leur priorité absolue reste la qualité de l’enseignement et pas le solde de leur compte bancaire. Or, dans le combat qu’ils mènent actuellement, la cause qu’ils défendent n’est pas si noble.