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10 juin 2010, 08:09

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C’est une victoire du pragmatisme sur le nationalisme radical. L’accord de cogestion de Tromelin, signé cette semaine entre Maurice et la France, a le mérite d’offrir une solution pratique à un problème éminemment complexe. Une formule a été mise au point afi n que les deux pays puissent en tirer profi t sans compromettre leurs revendications respectives concernant le statut de l’îlot.

Les opportunités de pêche dans les eaux poissonneuses de Tromelin deviennent une réalité pour nos opérateurs. Un comité de cogestion des ressources halieutiques sera créé. Il s’assurera que tout est fait en commun et que les deux parties en partageront équitablement les fruits. Cette instance
établira également les quotas de captures et la répartition par navire pour qu’il y ait une pêche durable. Elle s’occupera, en outre, de la délivrance des autorisations de pêche, en priorité aux navires battants pavillon français ou mauricien.Ce dénouement a été rendu possible grâce largement à la détermination de l’ambassadeur Jacques Maillard. Depuis son affectation à Port-Louis, cet ami de Maurice avait mesuré le gâchis que représente la situation actuelle pour nous.

Le diplomate avait également bien compris que ce problème était la source d’une irritation permanente entre nos deux pays et qu’il fallait enlever l’épine. C’est ce qu’il a fait, bien qu’on imagine que son gouvernement n’a pas accepté facilement les faveurs faites à la partie mauricienne.

Ce n’était dans l’intérêt de personne de rester bloqué sur la question de la souveraineté qui, comme le soulignait encore cette semaine le ministre français Alain Joyandet, «ne peut, de toutes les façons, pas être réglée à court terme». Il fallait dépasser le problème juridique resté en suspens depuis des décennies et déboucher sur une coopération constructive.

Nos historiens et nos juristes ont toujours soutenu que Tromelin est une dépendance mauricienne. Ils se fondent sur le Traité de Paris signé en 1814, après la conquête de Maurice par les Anglais qui prévoient que la restitution à la France exclut «l’isle de France et ses dépendances …» Maurice a effectivement pris possession de Tromelin par la suite. Il existe des documents qui attestent que les autorités locales ont, entre 1901 et 1956, accordé des baux à des Mauriciens pour l’exploitation du guano sur le récif.

Pour sa part, la France a rattaché Tromelin, en février 2007, aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), un espace sur lequel elle exerce sa pleine souveraineté. Les positions de nos deux pays sont inconciliables et il y avait peu d’espoir d’aboutir à une solution négociée.

Tromelin offre un modèle de partenariat qui peut inspirer les Britanniques et ouvrir la voie à une cogestion des Chagos en l’absence d’un consensus sur le statut juridique de l’archipel.

 

Raj MEETARBHAN