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Pardon

6 décembre 2011, 10:22

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La Commission Justice et Vérité a rendu son rapport. S’il ne préconise pas de compensation financière aux descendants d’esclaves et des travailleurs engagés, il n’en exige pas moins des excuses officielles de ceux qui ont été liés à ces deux tares à l’encontre de l’humanité. L’heure est donc au pardon.

Pardon pour ceux qui ont souffert par la faute d’autres hommes. Pardon pour les mensonges qu’on nous a débités pendant des décennies. Pardon enfin pour cette histoire qui porte la trace de coups de fouet. Mais, il n’y a pas de pardon pour le présent que nous vivons.

L’histoire est ductile. Elle n’est pas une ligne rigide. Aujourd’hui, chacun cherche un repentir.

Cependant, il ne faut pas oublier que nous sommes tous responsables de nos actes. Il ne faut pas se voiler la face. Chercher toujours l’excuse de son mal-être dans le bonheur des autres. Nous n’avons pas fait tout ce chemin pour en arriver là.

Pour aboutir à un pays qui pue le communalisme.

De l’extérieur, tout le monde dira que Maurice, c’est un modèle de vivre-ensemble. Mais, nous savons tous que le ver est dans le fruit. Qu’il y a une méfiance réciproque. Qu’on se regarde en chiens de faïence. Alors qu’il faut se battre pour plus de justice sociale, on se bat pour préserver ses prébendes. C’est une mentalité cupide qui nuit à toute une nation. Une forme de grande hypocrisie nationale.

De fait, il faut aussi demander pardon pour ce que nous sommes devenus aujourd’hui. Une nation où règnent la peur et l’adoration des princes politiques. Un peuple qui n’ose plus demander des comptes. Qui remet son destin entre les mains de quelques politiques et religieux. Dès lors, quelle émancipation ? On passe d’une forme d’esclavage à une autre. On s’enferme à l’intérieur de soi même.

On fait simplement semblant de respirer.

La mémoire n’est pas seulement tournée vers le passé. Elle se construit aussi dans le présent.

C’est de ce présent dont il est question ici. Que voulons-nous faire de ce pays ? Quelle identité comptons-nous léguer à nos enfants ? Certes, cette quête identitaire est permanente. Mais l’essentiel, c’est qu’il ne faut pas qu’elle se fasse dans le mensonge. Demandons donc pardon aux générations futures parce que nous n’avons pas su jusqu’ici vivre comme de véritables Mauriciens.

Nous avons préféré nous mentir. Nous réfugier dans la duplicité du paraître. Il n’est pas sûr que nous soyons pardonnés pour tout cela.