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Pèlerinages mauriciens

21 février 2012, 00:00

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Le fait pèlerin

Le pèlerinage est un acte essentiel de la vie spirituelle, une manifestation de la ferveur populaire.
Le pèlerinage se traduit par le déplacement de la foule de dévots vers les lieux sacralisés où le fidèle au terme d’un voyage difficile mène une ascèse intérieure pour ressentir de façon privilégiée la présence du divin. L’acte pèlerin []...] vers un lieu sacré place déjà le dévot dans un univers de sainteté, c’est avant tout un individu en état de grâce. A Maurice, pays multiconfessionnel et pluriculturel, la ferveur religieuse n’a rien perdu de sa vigueur. Cette ferveur nous plonge même à une autre époque, si ce n’est hors du temps.

Christianisme

Parmi les premiers pèlerinages de Maurice, on compte celui qui fait converger des milliers de croyants vers le caveau du Père Laval à Ste Croix, dit l’apôtre des Noirs. A sa mort en 1864, plus de 40 000 personnes, la plupart anciens esclaves et leurs familles suivirent la procession de la cathédrale St Louis à Ste Croix où le père Jacques Désiré Laval fut enterré, à une époque où la population de l’île ne dépassait guère les 300 000 habitants.

La vénération de Jacques Désiré Laval atteint son paroxysme lorsqu’on lui attribua le fait d’avoir guéri miraculeusement Edgar Beaubois, atteint d’un mal incurable et dont les jours étaient comptés, et de deux autres personnes dont M. Boodhun et Caroline Prosper. Reconnaissant l’importance de cette figure ecclésiastique de l’histoire mauricienne, le Vatican procède à la béatification du Père Laval lors d’une cérémonie à Rome en 1979.

Chaque année depuis cette nuit fatidique du 9 septembre 1864, les pèlerins en provenance des quatre coins de l’île entament la longue marche vers son tombeau. Ce pèlerinage au tombeau du Père Laval est motivé par des demandes, par des remerciements pour des voeux exaucés. Le tombeau est devenu un véritable lieu de recueillement. Venir s’y recueillir n’est, en outre, pas que le propre des catholiques. La réputation de l’apôtre des Noirs a même franchi les frontières de l’île pour être adoptée par les Réunionnais, Seychellois et Malgaches.

Pour les catholiques de Maurice, hormis le tombeau du Père Laval, d’autres lieux relèvent du symbolisme religieux et sont l’objet de «pèlerinage » à savoir le monument de Marie Reine de la Paix construit en 1940 ou encore d’autres églises et chapelles portant le nom de la Sainte Vierge dont Notre Dame de Lourdes ou Notre Dame de la Délivrance.

Islam

Chez nos compatriotes musulmans, point de pèlerinage à Maurice. C’est uniquement vers les lieux saints de La Mecque, et de Médine, que se rendent les musulmans au moins une fois dans leur vie. Ils respectent ainsi le cinquième pilier de l’islam en effectuant le Hadj, ou Grand pèlerinage.

Le Maha Shivaratree

Le plus grand pèlerinage par son affluence reste sans conteste celui du Maha Shivaratree. Chaque année, ils sont en effet près de400 000 compatriotes à converger vers le lac sacré de Grand-Bassin rebaptisé Ganga Talao. L’origine de ce pèlerinage plonge ses racines dans les songes du Pandit Giri Gossayne de Terre Rouge. Selon ce rêve, les eaux du Grand Bassin seraient une résurgence du Gange, fleuve sacré pour les hindous. Fidèle à la grande tradition, le pandit pensa que les pèlerins pouvaient ainsi se déplacer vers les berges du lac et faire leurs offrandes et ablutions selon le rituel hindou. Dans une île qui a littéralement changé de visage à cette époque passant des traits essentiellement afro-malgaches en 1830 à traits majoritairement indiens en 1860, un tel lieu sacré ne pouvait que vite attirer la foule des croyants.

En 1963, lorsque le Maha Shivaratree fut décrété jour férié, le pèlerinage a pris encore de l’ampleur. Le Grand-Bassin a été réaménagé pour accueillir ce flot croissant de pèlerins aucentre de l’île. Aujourd’hui, en plus des temples bâtis dans les années 1960, une immense statue du Dieu Shiva domine les lieux et veille sur les dévots.

Chaque année, c’est donc tout le pays qui vibre au son des mélodies à la gloire de Shiva et au rythme des pas des pèlerins portant les kanwars multiformes et parés de miroirs.