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Nouveau modèle

6 janvier 2010, 12:32

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Promis. Juré. Plus rien n’allait être comme avant. Les responsables, politiques ou économiques, l’ont affirmé au fil des mois sur tous les tons: la pire récession qu’ait connue le monde depuis la crise de 1929 devait entraîner la mise en place d’un nouveau modèle de croissance. Régulation bancaire accrue, contrôles des autorités régulatrices, garde-fous pour prévenir les abus, surveillance des marchés financiers, limitation des recours aux instruments à forts effets de leviers…On allait voir ce qu’on allait voir. Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, a ainsi souligné il y a quelques jours le caractère primordial d’une réforme de la régulation afin d’éviter la constitution de bulles financières. Parallèlement, tous les responsables de la planète ont mis en avant la nécessité de développer une croissance responsable, durable et verte. Avec une création de richesses synonyme de création d’emplois.

Pour l’instant, force est de constater que les progrès en la matière restent minimes. Premier constat: les mesures pour sortir de la crise ont été des plus classiques. Les banques centrales ont procédé à de fortes baisses de taux et à d’importantes injections de liquidités pour éviter que la machine économique se grippe. Quant aux gouvernements, ils ont pris des mesures dans le plus pur style keynésien qui, à l’instar du «New Deal» des années trente, a déjà fait ses preuves. Partout dans le monde l’argent public a été massivement investi dans des mesures destinées avant tout à maintenir l’emploi. Le sauvetage des grandes banques occidentales en est un exemple flagrant.

Aujourd’hui, malgré l’analyse et la parfaite compréhension de la crise des «subprimes», la réglementation financière reste au point mort. En fait, à ce jour aucun compromis n’a pu être dégagé sur le plan international. Le G-20 s’est révélé impuissant. Le G-8 également. Même, une zone économique intégrée comme l’Union européenne ou la zone euro ne parvient pas à établir un diagnostic commun et à proposer des réponses partagées. À Copenhague, les dirigeants occidentaux et les responsables des grands pays émergents ont une nouvelle fois raté le coche en refusant de financer une croissance mondiale plus verte. Une pingreté qu’ils risquent à terme de payer beaucoup plus cher que l’investissement nécessaire à l’amorce d’une croissance soucieuse des considérations environnementales.

La crise que nous connaissons aujourd’hui dépasse le cadre de la finance et de l’économie. Elle est systémique. L’environnement global a profondément changé. La mondialisation des échanges, des informations et des hommes est une donnée sur laquelle il est impossible de revenir. L’organisation géopolitique de la planète a complètement été chamboulée en deux décennies puisque le monde bipolaire a laissé la place à un monde multipolaire en pleine mutation. De nouveaux acteurs comme l’Inde, la Chine, le Brésil ou la Russie veulent peser de tout leur poids sur la scène internationale. Un nouveau modèle est donc nécessaire. Ce nouveau modèle, qui reste à inventer, doit concilier écologie, finance et développement. Avec de nouveaux outils de gestion collective et de nouvelles autorités régulatrices indépendantes dépassant le cadre strict des Etats. C’est le défi à relever pour un retour de la confiance dans le système.