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Notre démocratie (aussi ) à réinventer

28 décembre 2013, 06:14

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La démocratie, durablement en crise à travers le monde, sera testée encore un peu plus en 2014. Les limites de ce système politique dominant, vanté depuis la chute du mur de Berlin (comme la seule alternative au communisme, au fascisme et au nazisme), seront mises en scène, à taille réelle, dans d’importants pays comme l’Inde, l’Indonésie et le Brésil. La question centrale derrière ces consultations populaires sera : comment redonner foi en la démocratie ?

 

En Europe, l’extrême droite se rassemble pour lancer une alliance eurosceptique en vue des prochaines élections européennes (mai 2014) ; des européennes qui accusent un taux de désaffection en hausse constante depuis 1979. Il est palpable que la crise de la zone euro préoccupe les électeurs du Vieux continent. En France, François Hollande en fait les frais : il ne cesse de battre des records d’impopularité ; ses promesses non tenues illustrent l’incapacité des dirigeants démocratiquement élus à concrétiser leurs programmes de campagne. Les analystes français avancent que les élections municipales (mars 2014) confirmeront la progression nette du Front national de Marine Le Pen, qui surfe sur la vague des électeurs désenchantés par la droite et la gauche (ainsi que le centre version Bayrou).

 

Aux États-Unis, les élections législatives de mi-mandat (mi-novembre 2014) seront sans doute remportées par les républicains. Barack Obama aura encore plus de mal (qu’avec son projet d’assurance médicale universelle) à appliquer son programme de politique intérieure, tant il sera immobilisé politiquement par les deux chambres du Congrès. Une situation politique qui n’a pas eu lieu depuis 2006.

 

Ces quelques exemples illustrent non seulement que les leaders politiques s’avèrent incapables de tenir parole – tant le système et ses leviers de pouvoir leur échappent de plus en plus – mais ils se voient contraints de couper les prestations sociales d’hier, sous la pression des forces supranationales, ou pour rester compétitifs par rapport à la logique mondiale du libre-marché. Bien des penseurs contemporains estiment que la crise financière et les taux inquiétants de chômage qui en ont résulté ont de fait rompu le contrat qui liait l’électeur aux politiques. Et aujourd’hui même, les anticapitalistes avouent que le seul remède possible aux maux actuels de la démocratie demeure une croissance suffisamment forte afin de faire reculer le chômage et augmenter les revenus de l’économie réelle. Les utopies ne paient pas les factures.

 

Mais au-delà des solutions ponctuelles, il nous faut agir afin de redonner foi aux partis politiques et partant à la démocratie. C’est vrai pour plusieurs systèmes démocratiques ; dont Maurice, où le débat commence et s’arrête sur la continuation ou la discontinuation de la dynastie de trois patronymes, qui tiennent en otage la réforme électorale tant promise. Si la démocratie est indéniablement le produit de la modernité, il importe donc de lui donner un coup de neuf, en misant par exemple sur plus de transparence et de bonne gouvernance. La réforme électorale devrait à la fois permettre une révision du rôle des partis traditionnels, mais également une réforme du financement de ces partis. Par exemple ; si on connaissait les noms des généreux donateurs, on pourrait comprendre comment fonctionne la démocratisation de l’économie à la mauricienne. Notre démocratie, comme celle de bien d’autres pays, est peuplée d’affairistes qui ne pensent qu’à leurs intérêts. Il lui manque un nouveau cadre, de nouveaux démocrates, bref de nouveaux joueurs sur le terrain... 2014, en attendant les législatives de 2015, pourrait être une année charnière pour rétablir le dialogue citoyen.