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Non à l’avortement...

6 mai 2012, 05:37

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C’est assez rare pour être souligné. Le gouvernement a démontré un courage certain ce vendredi. En annonçant son intention de modifier notre code pénal afin de légaliser les interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans certains cas. Une fois déposé à l’Assemblée nationale, le projet d’amendement devra être débattu, voté, puis promulgué. Autant dire que le changement n’est pas imminent. Entre-temps, les militants anti-IVG vont bruyamment se faire entendre pour tenter d’empêcher cette avancée législative et sociale. Aidons-les donc par avance. Explorons la palette du non…


Non à l’avortement parce que le Tout-Puissant est juste. Les tsunamis et les accidents mortels, les meurtres… et les grossesses, même celles de gamines de 12 ans, sont ses oeuvres. Qui sommes nous donc pour les contrarier ?


Non à l’avortement car une alternative miraculeuse existe. La femme qui tombe enceinte à la suite d’un viol, ou l’adolescente victime d’un proche incestueux n’ont qu’à attendre patiemment la fi n de leur grossesse pour ensuite donner l’enfant à adopter. Simplissime, n’est-ce pas ?


Non à un cadre légal régissant l’IVG parce que cela aide le commerce. Les femmes des milieux aisés peuvent, en toute discrétion, recourir aux services coûteux de diverses cliniques privées du pays ou de certains médecins « spécialisés ». Toutes les autres, notamment de la classe ouvrière, n’ont qu’à se faire prendre en charge dans une officine de quartier où le « traitement » peut se faire avec une baleine de parapluie ou d’obscurs médicaments et décoctions. Peu importe si ce type d’intervention mène à des septicémies mortelles…

Non à l’avortement, car les adolescents sont crédules et peuvent tous être amenés à croire que l’abstinence est la seule solution pour ne pas avoir d’enfants. Pas besoin, du coup, de lancer des cours d’éducation sexuelle dès la fin du cycle primaire. Même si les adolescents ont leur premier rapport sexuel de plus en plus précocement, on pourra toujours leur dire qu’il est inutile d’être sensibilisés par rapport aux différentes méthodes de contraception et à la sexualité en général. Car n’oublions pas, l’abstinence règle tous les problèmes !


Non à l’avortement, parce que le statu quo actuel permet aux politiques de rester dans les bons cahiers des associations socioreligieuses. Le soutien de celles-ci étant fort utile dans certaines circonstances, il ne vaut pas la peine de se les mettre à dos pour une peccadille comme la question de l’avortement. Qui est tout sauf un problème de santé publique grave. Les politiques progressistes comme Nita Deerpalsing, Satish Faugoo, Aurore Perraud, Steve Obeegadoo ou Leela Devi Dookun- Luchoomun n’ont donc qu’à la fermer.


Les opposants à l’IVG ont toutefois tort de penser qu’il leur sera facile de fausser le débat à l’aide d’un répertoire de langage prêchi-prêcha et en faisant appel au sens moral des députés et de leurs concitoyens. Car la question de l’IVG n’est pas une question morale. Mais concerne plutôt la santé publique et la faculté de l’Etat à encadrer et à protéger des femmes en détresse ou dont la santé pourrait être mise en danger lors de leur grossesse. Plus généralement, ce débat concerne les droits humains et la possibilité qui est donnée aux femmes de gérer leur vie.


Il est donc sain que les Mauriciens participent pleinement au débat sur le projet de loi qui est en préparation. Sur le terrain virtuel, le débat est déjà bien enclenché et se déroule de manière civilisée. Le groupe Facebook de l’express dimanche a ainsi accueilli plus de 200 commentaires sur la question depuis vendredi soir (voir page 13). Mais les discussions doivent désormais gagner le grand public. Les anti-IVG ont bien évidemment le droit de défendre leur opinion. Mais il leur faudra savoir qu’un nombre grandissant de Mauriciens considère que le statu quo ne peut plus prévaloir sur la question de l’IVG. Il est donc temps de dire non à l’avortement… du débat.